Les bases génétiques de la consommation en cannabis
Le cannabis est l’une des substances psychoactives les plus utilisées dans le monde entier. Le risque accru de développer un trouble d’usage de cannabis a récemment été associé à certains variants génétiques. Ces découvertes ont conduit à de nombreuses études pour mieux comprendre la complexité de cette relation. Dans cette optique, l’article intitulé « Bases génétiques de l’utilisation du cannabis : une revue systématique » vise à résumer certaines des connaissances scientifiques publiées jusqu’à présent sur les déterminants génétiques qui sous-tendent des comportements reliés à l’usage du cannabis, à identifier des variants génétiques associés à un risque accru de mésusage du cannabis et aux méfaits qui peuvent en découler, et à mettre en lumière l’importance de poursuivre la recherche pour mieux comprendre les susceptibilités génétiques associées à la consommation de cette substance psychoactive.
L’un des gènes couramment identifiés parmi les résultats issus d’approches génomiques est le gène CNR1, qui code pour le récepteur à cannabinoïde 1 (CB1R). Le CB1R est fortement exprimé dans le cerveau et il est la cible principale du composé euphorique du cannabis, le delta-9-tétrahydrocannabinol (THC). Des études ont montré que certains variants du gène CNR1 sont associées à une plus grande inclinaison à consommer du cannabis, ainsi qu’à une sensibilité plus élevée aux effets du THC. Même scénario pour le gène AKT1, qui code pour une protéine impliquée dans la régulation de la croissance et de la survie des cellules. D’autres gènes ont également été associés à la consommation de cannabis, notamment le gène DRD2, qui code pour un récepteur de la dopamine impliqué dans la récompense et la motivation, et le gène FAAH, qui code pour une enzyme impliquée dans la dégradation des cannabinoïdes dans l’organisme.
Il est important de noter que la base génétique de la consommation de cannabis est complexe, multifactorielle et polygénique, et que les variants génétiques individuels n’ont probablement qu’un faible effet sur la propension d’un individu à consommer du cannabis. Les interactions entre certaines susceptibilités génétiques et les facteurs environnementaux, tels que la pression des pairs, la disponibilité et les normes sociales, jouent également un rôle important qui peuvent influencer la consommation de cannabis et ses conséquences. Cependant, l’étude des facteurs génétiques permet d’expliquer certains mécanismes en cause dans la réponse aux substances psychoactives, ce qui assure en retour la capacité d’identifier des facteurs de susceptibilités qui pourraient être utilisés pour prévenir d’éventuels méfaits ou optimiser certains bienfaits. Il est conséquemment important de considérer les facteurs génétiques dans la réponse aux différents produits issus du cannabis, un effort que nous mettons de l’avant au laboratoire en incluant des approches génomiques aux devis expérimentaux qui portent sur l’administration de cannabinoïdes chez l’humain. Cette démarche sera d’ailleurs mise en place dans les prochains projets qui démarreront au courant des mois à venir. Restez à l’affût de nos projets pour en savoir davantage.
Références
Hillmer A, Chawar C, Sanger S, D’Elia A, Butt M, Kapoor R, Kapczinski F, Thabane L, Samaan Z. Genetic basis of cannabis use: a systematic review. BMC Med Genomics. 2021 Aug 12;14(1):203. doi: 10.1186/s12920-021-01035-5. PMID: 34384432; PMCID: PMC8359088.