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Réduction des méfaits du cannabis pour les jeunes ayant vécu une psychose

La consommation de cannabis peut être plus problématique pour les personnes ayant vécu un épisode de psychose. Stephanie Coronado-Montoya, doctorante dans le laboratoire de Didier Jutras-Aswad, plaide en faveur de la réduction des risques pour aider les personnes à gérer leur consommation problématique de cannabis.  

En examinant plus de 11 400 articles scientifiques, Stephanie a constaté qu’il existait peu d’interventions axées sur le cannabis pour les personnes atteintes de psychose qui souhaitaient réduire ou prévenir les dommages liés au cannabis. Son enquête nationale sur les préférences des patients a révélé deux demandes importantes de la part de la population : que les interventions soient courtes et basées sur la technologie.  

L’application CHAMPS répond à ces demandes (une application mobile contenant une brève intervention psychosociale visant à réduire les méfaits du cannabis chez les personnes atteintes de psychose). Pour en savoir plus sur cette initiative, veuillez écouter l’épisode complet et suivez Stephanie sur Instagram (@the.brain.diaries). 

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Mars 2023

Les bases génétiques de la consommation en cannabis

Le cannabis est l’une des substances psychoactives les plus utilisées dans le monde entier. Le risque accru de développer un trouble d’usage de cannabis a récemment été associé à certains variants génétiques. Ces découvertes ont conduit à de nombreuses études pour mieux comprendre la complexité de cette relation. Dans cette optique, l’article intitulé « Bases génétiques de l’utilisation du cannabis : une revue systématique » vise à résumer certaines des connaissances scientifiques publiées jusqu’à présent sur les déterminants génétiques qui sous-tendent des comportements reliés à l’usage du cannabis, à identifier des variants génétiques associés à un risque accru de mésusage du cannabis et aux méfaits qui peuvent en découler, et à mettre en lumière l’importance de poursuivre la recherche pour mieux comprendre les susceptibilités génétiques associées à la consommation de cette substance psychoactive.

L’un des gènes couramment identifiés parmi les résultats issus d’approches génomiques est le gène CNR1, qui code pour le récepteur à cannabinoïde 1 (CB1R). Le CB1R est fortement exprimé dans le cerveau et il est la cible principale du composé euphorique du cannabis, le delta-9-tétrahydrocannabinol (THC). Des études ont montré que certains variants du gène CNR1 sont associées à une plus grande inclinaison à consommer du cannabis, ainsi qu’à une sensibilité plus élevée aux effets du THC. Même scénario pour le gène AKT1, qui code pour une protéine impliquée dans la régulation de la croissance et de la survie des cellules. D’autres gènes ont également été associés à la consommation de cannabis, notamment le gène DRD2, qui code pour un récepteur de la dopamine impliqué dans la récompense et la motivation, et le gène FAAH, qui code pour une enzyme impliquée dans la dégradation des cannabinoïdes dans l’organisme.

Il est important de noter que la base génétique de la consommation de cannabis est complexe, multifactorielle et polygénique, et que les variants génétiques individuels n’ont probablement qu’un faible effet sur la propension d’un individu à consommer du cannabis. Les interactions entre certaines susceptibilités génétiques et les facteurs environnementaux, tels que la pression des pairs, la disponibilité et les normes sociales, jouent également un rôle important qui peuvent influencer la consommation de cannabis et ses conséquences. Cependant, l’étude des facteurs génétiques permet d’expliquer certains mécanismes en cause dans la réponse aux substances psychoactives, ce qui assure en retour la capacité d’identifier des facteurs de susceptibilités qui pourraient être utilisés pour prévenir d’éventuels méfaits ou optimiser certains bienfaits. Il est conséquemment important de considérer les facteurs génétiques dans la réponse aux différents produits issus du cannabis, un effort que nous mettons de l’avant au laboratoire en incluant des approches génomiques aux devis expérimentaux qui portent sur l’administration de cannabinoïdes chez l’humain. Cette démarche sera d’ailleurs mise en place dans les prochains projets qui démarreront au courant des mois à venir. Restez à l’affût de nos projets pour en savoir davantage.

Références

Hillmer A, Chawar C, Sanger S, D’Elia A, Butt M, Kapoor R, Kapczinski F, Thabane L, Samaan Z. Genetic basis of cannabis use: a systematic review. BMC Med Genomics. 2021 Aug 12;14(1):203. doi: 10.1186/s12920-021-01035-5. PMID: 34384432; PMCID: PMC8359088.

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Février 2023

La décriminalisation des drogues en Colombie-Britannique : un pas dans la bonne direction pour les personnes ayant un trouble d’usage de substances ?

En Colombie-Britannique, depuis le 31 janvier 2023, la possession par un adulte de 2,5 grammes de cocaïne, de méthamphétamine et d’opioïdes ne constitue plus une infraction pénale. Ce changement de législation s’est opéré grâce à une exemption de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances. La décriminalisation des drogues a été décrite comme une étape essentielle dans la démarche de la Colombie-Britannique visant à combattre les conséquences négatives associées au mésusage de plusieurs substances psychoactives, dont les opioïdes1,2. Le projet pilote de trois ans développé par la province s’inscrit dans un mouvement visant à réduire les méfaits associés à la consommation de drogues, notamment les décès par surdose et la criminalisation des personnes ayant un trouble d’usage de substances3. La consommation et la possession de drogues ne seraient ainsi plus considérées comme des infractions pénales, mais seraient plutôt traitées comme une question de santé publique.

Pour de nombreuses personnes ayant un trouble d’usage de substances, la décriminalisation représente un changement important dans la façon dont leur dépendance est perçue et traitée. Plutôt que d’être punies pour leur consommation de drogue, elles pourraient accéder aux services sociaux et de santé sans craindre d’être inculpées. La décriminalisation a également le potentiel de réduire le nombre de décès par surdoses en éliminant la crainte d’accusations criminelles qui empêche de nombreuses personnes de chercher de l’aide lorsqu’elles font une surdose ou sont témoins d’une surdose4. Les personnes qui consomment des substances à haut risque de surdose et de méfaits liés au trouble d’usage pourraient, dans ce contexte, accéder plus facilement à des interventions vitales comme la naloxone, rechercher un traitement, du soutien et des services de réduction des risques, sans crainte de stigmatisation ou de répercussions juridiques.

Néanmoins, la décriminalisation des drogues en Colombie-Britannique, loin d’être la panacée des solutions, représente une avancée significative dans la lutte contre les méfaits liés à la criminalisation de la consommation de drogues, et constitue dans l’ensemble une évolution positive pour les personnes ayant un trouble d’usage de substances5.

Références

1. CCLAT (Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances). Décriminalisation des substances contrôlées : Mémoire sur les politiques 2018. [Internet]. 2018 [cité le 2023 février 23]

2. Gouvernement de la Colombie-Britannique. Décriminalisation [Internet]. Gouvernement de la Colombie-Britannique ; [mis à jour le 7 novembre 2022 ; cité le 23 février 2023].

3. CBC News. What you need to know about drugs in British Columbia [Internet]. CBC News ; 2021 Oct 21 [cité 2023 Feb 23]

4. CBC News. Toxic drug supply’ : Why some experts say decriminalization is a key step to fight the overdose crisis [Internet]. CBC News ; 2022 Feb 23 [cité 2023 Feb 23].

5. Drug Policy Alliance. Approches de la décriminalisation [Internet]. Office des Nations Unies contre la drogue et le crime ; 2015 Feb [cité 2023 Feb 23].