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Traitements innovants en toxicomanie

Décembre 2023


Octobre 2023 marque le cinquième anniversaire de la législation du cannabis à usage non-thérapeutique au Canada qui avait provoqué plusieurs controverses. En effet, par cette décision prise en 2018, le Canada devenait le deuxième pays au monde à légaliser sa vente, sa possession et sa consommation à des fins non médicales par les adultes (1) Les objectifs principaux de La loi sur le cannabis (C-45) étaient de : 1) restreindre l’accès au cannabis à une population jeune, 2) diminuer les crimes relatifs au cannabis et le marché illégal l’entourant, 3) d’assurer l’accès à un produit sécuritaire. Cinq ans plus tard, quelles sont les retombées globales de la loi C- 45 et surtout quelles données probantes de santé publique ont été accumulées à ce sujet?

 

Au sein de leur étude rétrospective, Fischer et Jutras-Aswad et al., 2023 indiquent que les retombées sociales sont globalement positives (2). En effet, on dénote une réduction importante des arrestations et des poursuites judiciaires liées à l’utilisation du cannabis, ainsi que les préjugés sociaux et autres charges personnelles qui en découlent. (2). Cette réduction est d’autant plus bénéfique auprès des populations marginalisées et racialisées qui en étaient davantage affectées (3, 4).

 

Néanmoins les retombées directement reliées à la santé des personnes qui consomment du cannabis dans un contexte non-thérapeutique sont plus éparses et moins substantielles. Les données récentes de la littérature décrivent soit une augmentation ou une stabilisation de la prévalence de l’usage du cannabis, des visites aux services d’urgence liées au cannabis, des admissions à l’hôpital et de la conduite sous l’effet du cannabis (2). Ces observations comprennent également la population plus jeune (âgée de 15 à 25 ans) (5) plaçant en exergue que cet objectif de législation n’a pas été rencontré. Ainsi, des études longitudinales robustes concernant cette population sont nécessaires car comprendre leur trajectoire de consommation pourrait permettre de limiter et prévenir les risques et dommages associés (6). On notera cependant que plusieurs études ont rapporté ces effets durant la pandémie de COVID-19, période durant laquelle la consommation de cannabis pourrait avoir augmenté dû au stress et aux modifications des habitudes quotidiennes (4)

 

Un autre point important relatif aux retombées sur la santé des consommateurs récréatifs concerne le taux de THC contenu dans les produits à base de cannabis. Les lignes directrices canadiennes sur l’utilisation du cannabis à moindre risque (Canada’s Lower-Risk Cannabis Use Guidelines) (LRCUG) indiquent que les individus qui consomment du cannabis devraient privilégier l’utilisation de produits avec une teneur totale en THC plus faible ou un ratio élevé de CBD: THC. Plus la teneur totale ou relative en THC du cannabis utilisé serait élevée, plus les risques d’effets néfastes aigus ou chroniques sur la santé mentale ou physique sont importants. (7) Cependant, il est essentiel d’obtenir plus de preuves pour étayer ces recommandations.

 

Ainsi afin de répondre à ces manques de connaissances dans la littérature, deux études sur le cannabis à usage récréatif débuteront prochainement au sein du laboratoire du Dr Didier-Jutras Aswad. La première, SPECTRE, vise à évaluer l’impact de la consommation de produits du cannabis à inhaler qui contiennent différentes proportions de molécules actives sur les effets psychoactifs aigus chez des individus en santé qui consomment du cannabis occasionnellement. La seconde étude, TRICCHOME vise à caractériser les trajectoires de consommation de jeunes adultes (18 à 24 ans) qui utilisent le cannabis régulièrement ou quotidiennement via une application mobile. Afin de suivre l’évolution de ces projets, restez à l’affut de nos nouvelles sur notre site web ainsi que sur nos réseaux sociaux!

 

Article par Amani Mahroug

Références

1. Ministère de la Justice, Légalisation et réglementation du cannabis [En ligne]; 07 juilet 2021 [cité le 04 décembre 2023]. Disponible :  https://www.justice.gc.ca/fra/jp-cj/cannabis/

2. Fischer, B., Jutras-Aswad, D., & Hall, W. (2023). Outcomes associated with nonmedical cannabis legalization policy in Canada: taking stock at the 5-year mark. CMAJ, 195(39), E1351-E1353. DOI: 10.1503/cmaj.230808.

3. Le Devoir, Cinq ans après sa légalisation, le cannabis légal domine le marché [En ligne]; 16 octobre 2023 [cité le 04 décembre 2023]. Disponible : https://www.ledevoir.com/societe/800073/cannabis-legal-canada-cinq-ans-plus-tard

4. Statistiques Canada, Cinq ans après sa légalisation, qu’avons-nous appris au sujet du cannabis au Canada? [En ligne]; 16 octobre 2023 [cité le 04 décembre 2023]. Disponible : https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/231016/dq231016c-fra.htm

5. Santé Canada, Bilan des progrès : Légalisation et réglementation du cannabis au Canada [En ligne]; 20 octobre 2022 [cité le 04 décembre 2023]. Disponible : https://www.canada.ca/fr/sante-canada/programmes/engagement-legalisation-reglementation-cannabis-canada-bilan-progres/document.html

6. Kourgiantakis, T., Lee, E., Kosar, A.K.T., et al. Youth cannabis use in Canada post-legalization: service providers’ perceptions, practices, and recommendations. Subst Abuse Treat Prev Policy. 2023;18(1):36. DOI: 10.1186/s13011-023-00550-1


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Novembre 2023


Les effets du cannabis sur la santé mentale représentent l’un des principaux enjeux de santé publique en lien avec cette substance. On estime que 26,2 % des personnes vivant avec la schizophrénie développeront un trouble lié à la consommation de cannabis à un moment donné de leur vie, ce qui est significativement plus élevé que dans la population générale (1). Si certaines personnes vivant avec des troubles psychotiques affirment que le cannabis les aide à gérer leurs symptômes, des études montrent que la consommation de cannabis peut également aggraver certains aspects de ces troubles pour certains sous-groupes d’individus. Par exemple, la consommation de cannabis a été associée à des risques plus élevés d’échec du traitement, d’hospitalisation et de réapparition des symptômes (2).

 

Un article récent d’Argote et al. a examiné comment les symptômes réels des troubles du spectre de la schizophrénie diffèrent entre les personnes qui consomment du cannabis et celles qui n’en consomment pas (3). Leur méta-analyse a rassemblé des données provenant de 21 études différentes sur le sujet et a produit des résultats variés. Ils ont constaté qu’en moyenne, les personnes atteintes de troubles du spectre de la schizophrénie qui consommaient du cannabis présentaient davantage de symptômes « positifs », tels que des délires et des hallucinations, mais aussi moins de symptômes « négatifs », tels que le manque d’expression émotionnelle, le manque d’élocution et le manque de motivation.

 

Les méta-analyses de ce type ne permettent pas de déterminer les causes de ces résultats, qui peuvent donc être interprétés de différentes manières. Est-il possible que le cannabis affecte le cerveau des gens, aggravant certains symptômes et en améliorant d’autres ? Les personnes ayant une psychose consomment-elles du cannabis en automédication, pour soulager leurs symptômes négatifs ? Ou bien les personnes vivant avec la psychose qui consomment du cannabis sont-elles fondamentalement différentes de celles qui n’en consomment pas – certaines n’auraient-elles pas pu développer un trouble psychotique si elles n’avaient pas consommé de cannabis ?

 

Les auteurs de cet article envisagent toutes ces possibilités, mais il appartiendra aux recherches futures de trouver les réponses. Dans notre laboratoire, nous menons actuellement un certain nombre d’études différentes sur la manière dont le cannabis affecte notre esprit, notre comportement et notre santé. L’un des objectifs de notre travail est de trouver des moyens de réduire le risque de dommages liés à la consommation de cannabis, en particulier dans les populations vulnérables telles que les personnes vivant avec des troubles psychotiques, en utilisant la réduction des dommages et des interventions basées sur la technologie (4, 5). Plus nous en apprendrons sur les liens entre le cannabis et la psychose, mieux nous pourrons concevoir des moyens de prévenir le risque de dommages, et plus nous pourrons donner aux personnes qui choisissent de consommer du cannabis les moyens de prendre le contrôle de leur consommation et de leur santé.

Article par Lucy Chester

Références

  1. Hunt GE, Large MM, Cleary M, Lai HMX, Saunders JB. Prevalence of comorbid substance use in schizophrenia spectrum disorders in community and clinical settings, 1990–2017: Systematic review and meta-analysis. Drug and Alcohol Dependence. 2018;191:234-58.
  2. Schoeler T, Kambeitz J, Behlke I, Murray RM, Bhattacharyya S. The effects of cannabis on memory function in users with and without a psychotic disorder: Findings from a combined meta-analysis. Psychological Medicine. 2016;46:177-88.
  3. Argote M, Sescousse G, Brunelin J, Baudin G, Schaub MP, Rabin R, et al. Association between cannabis use and symptom dimensions in schizophrenia spectrum disorders: an individual participant data meta-analysis on 3053 individuals. eClinicalMedicine. 2023;64:102199.
  4. Coronado-Montoya S, Tra C, Jutras-Aswad D. Harm reduction interventions as a potential solution to managing cannabis use in people with psychosis: A call for a paradigm shift. Int J Drug Policy. 2022;108:103814.
  5. Tatar O, Abdel-Baki A, Wittevrongel A, Lecomte T, Copeland J, Lachance-Touchette P, et al. Reducing Cannabis Use in Young Adults With Psychosis Using iCanChange, a Mobile Health App: Protocol for a Pilot Randomized Controlled Trial (ReCAP-iCC). JMIR Res Protoc. 2022;11(11):e40817.


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Septembre 2023


Heidar Sharafi, stagiaire postdoctoral dans notre laboratoire, a récemment publié un article dans la prestigieuse revue Addiction en collaboration avec Hamzah Bakouni, Christina McAnulty, Sarah Drouin, Stephanie Coronado-Montoya et Arash Bahremand.

Cette revue systématique et méta-analyse portait sur l’utilisation de psychostimulants de prescription comme thérapie de remplacement pour la dépendance aux stimulants de type amphétamines. En synthétisant les résultats de dix essais cliniques randomisés contrôlés, cette étude a permis de déterminer que les psychostimulants de prescription peuvent significativement réduire le craving chez les personnes ayant une dépendance aux stimulants de type amphétamines. Toutefois, nos résultats démontrent que ce type de traitement ne semble pas efficace pour diminuer la consommation de stimulants, les symptômes de sevrage ainsi que les symptômes dépressifs. Nous avons aussi pu identifier que de plus grandes doses de psychostimulants de prescription mènent, en général, à une plus grande diminution du craving et de la consommation de stimulants. Les seuls traitements actuellement disponibles pour la dépendance aux stimulants sont les interventions psychothérapeutiques et psychosociales, qui sont insuffisants dans une grande majorité des cas. Les résultats de notre étude démontrent donc l’importance de continuer les efforts de recherche dans ce domaine afin de trouver un traitement pharmacologique qui serait efficace pour les personnes ayant une dépendance aux stimulants.

Dans le laboratoire de Didier Jutras-Aswad, nous continuons de contribuer à l’avancée des connaissances avec de nouvelles méta-analyses, qui seront prochainement publiées, portant sur l’efficacité de la naltrexone, du bupropion et du modafinil en tant que pharmacothérapies pour la dépendance aux stimulants de type amphétamines. Un essai clinique pancanadien sur la dexamphetamine avant ou sans gestion des contingences pour le traitement de la dépendance à la méthamphétamine sera aussi en marche sous peu. Pour plus d’informations, visitez la section Études disponibles de notre site Web. 

La publication d’Heidar Sharafi est diponible ici.

Cliquez ici pour accéder au communiquer de presse.

Texte par Gabriel Bastien


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Août 2023


Ovidiu Tatar, candidat au doctorat en sciences psychiatriques, et une équipe de chercheurs canadiens et internationaux ont récemment publié dans une prestigieuse revue de psychiatrie les résultats d’une étude qui a évalué les préférences de jeunes adultes atteints de psychose pour des interventions psychologiques en ligne visant à réduire la consommation de cannabis. Lorsque la consommation de cannabis, qui est 15 fois plus élevée dans cette population que chez des gens qui n’ont pas de psychose, est réduite, les données démontrent une amélioration des résultats cliniques. L’évaluation des préférences pour les interventions en ligne facilite l’engagement dans le traitement et augmente l’efficacité de l’intervention.

Des personnes ayant vécu un premier épisode psychotique et démontrant les signes d’une dépendance au cannabis ont participé à une enquête électronique entre janvier 2020 et juillet 2022. Les auteurs ont utilisé des méthodes avancées pour recueillir et analyser les opinions des participants concernant les interventions psychologiques en ligne et ont constaté une préférence plus marquée pour les interventions d’intensité modérée, par exemple des séances d’une durée de quinze minutes réalisées une fois par semaine.  Les participants ont apprécié l’autonomie conférée par les interventions en ligne, car elles peuvent être effectuées à la fois à la clinique et en dehors de la clinique. Il est important de noter que les interventions basées sur des applications ont été perçues comme complémentaires des interventions en personne. Les participants ont exprimé une préférence marquée pour l’utilisation de téléphones intelligents et les interventions qui intègrent des éléments vidéo et permettent une communication par messagerie instantanée avec les cliniciens.

Dans un monde où notre relation avec la technologie est en constante évolution, cette étude a permis de développer une nouvelle application d’intervention mobile (iCanChange), qui fait actuellement l’objet d’un essai clinique et qui pourrait aider les personnes ayant vécu un premier épisode psychotique à réduire leur consommation de cannabis et ainsi faciliter leur rétablissement.

Texte par Christina McAnulty

Références

1. Tatar O, Abdel-Baki A, Dyachenko A, Bakouni H,
Bahremand A, Tibbo PG, et al.
Evaluating preferences for online psychological
interventions to decrease cannabis use in young adults withpsychosis: An
observational study
. Psychiatry Res. 2023 May 30;326:115276.


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Juin 2023


Le 19 avril 2023, plusieurs médias québécois véhiculent la nouvelle suivante : la vente de produits de vapotage comportant un arôme outre que le tabac sera interdite dans les 90 prochains jours (1). Mais quels sont les produits touchés par cette nouvelle réglementation ? Connus sous différents noms tels que cigarettes électroniques ou « vapes » ces dispositifs sont des appareils portatifs qui réchauffent une solution comportant de la nicotine, un agent humidifiant et des composés volatils de synthèse, afin d’en permettre l’inhalation (2). Quel est le raisonnement motivant la décision de réglementer l’utilisation de la vape ?

Au Québec, il est estimé que 20% des personnes qui utilisent la vape sont des jeunes âgés de moins de 18 (1). Des données récoltées aux États-Unis et au Canada suggèrent une augmentation significative de l’utilisation des produits de vapotage à la nicotine dans les dernières années, spécialement chez les jeunes (3). Sa popularité pourrait être attribuable aux couleurs attrayantes des appareils et la myriade de saveurs disponibles, incluant « daiquiri » et « pêche givrée » (2). Un autre élément contribuant à cette tendance correspond à la perception sociétale des risques de santé associés à la vape. C’est-à-dire que plus de la moitié des utilisateurs réguliers de vape considère qu’elle est inoffensive (4). Mais est-ce que ces dispositifs sont autant dénués de risque qu’on ne pourrait le soupçonner ?Bas du formulaire

Des données suggèrent que l’utilisation de la vape comporte des risques neurologiques, pulmonaires et pour la santé mentale, en plus de contenir des métabolites cancérigènes (2). En 2019, 39 décès potentiellement attribuables à l’usage de vape ont été rapportés aux États-Unis, un résultat pouvant possiblement être relié à leur contenu élevé en vitamine E (2). Aussi, la nicotine présente dans ce dispositif est susceptible d’avoir des impacts neurocognitifs importants chez les jeunes, puisque le cerveau de ces derniers est encore en développement. Ensuite, fumer la vapoteuse en jeune âge augmente le risque de développer du tabagisme ultérieurement (5). Finalement, l’utilisation de la vape est récente, ainsi, plusieurs de ses risques demeurent inconnus (6). En absence de données probantes sur l’innocuité du produit dans différents contextes chez différentes populations et pour tenter de réduire son utilisation chez les jeunes, des réglementations ont été émises (1).

Bien qu’utiliser la vape comporte des risques, pourrait-on la considérer comme une alternative sécuritaire à la prise de tabac et serait-ce un outil pouvant soutenir la cessation tabagique ?  Pour ce qui est de la population mineure, l’utilisation de la vape est associée à un risque significativement plus élevé de consommer davantage de produits de vapotage et de cigarette commerciale (5). Quant à la population adulte, les données sont moins concluantes (6). Il n’est donc pas impossible que le vapotage soit un outil qui soutienne la diminution ou la cessation de la prise de cigarettes dans certains contextes bien définis. Cependant, puisque les données sont insuffisantes pour émettre cette recommandation, les stratégies de cessation tabagique soutenues par des données probantes d’efficacité, telle que des produits de remplacement nicotinique, des molécules pharmaceutiques ou des interventions de la communauté professionnelle en santé, demeurent les alternatives généralement privilégiées (2, 7). Des études futures seront nécessaires pour déterminer si la vape pourrait se tisser une place dans l’arsenal de méthodes disponibles pour soutenir les personnes qui doivent composer avec le tabagisme.

Pour obtenir de l’aide sur les stratégies de sevrage tabagique, renseignez-vous ici.

Sabrina Bijou (she/her/elle)

Références

  1. QMI A. Vapotage: Québec interdit les saveurs tvanouvelles.ca: TVA Nouvelles; 2023 [Available from: https://www.tvanouvelles.ca/2023/04/19/vapotage-quebec-interdira-les-saveurs-et-les-aromes-autres-que-ceux-du-tabac.
  2. Dinardo P, Rome ES. Vaping: The new wave of nicotine addiction. Cleveland Clinic Journal of Medicine. 2019;86(12):789-98.
  3. Hammond D, Reid JL, Burkhalter R, O’Connor RJ, Goniewicz ML, Wackowski OA, Thrasher JF, Hitchman SC. Trends in e-cigarette brands, devices and the nicotine profile of products used by youth in England, Canada and the USA: 2017-2019. Tob Control. 2023 Jan;32(1):19-29. doi: 10.1136/tobaccocontrol-2020-056371.
  4. Bernat D, Gasquet N, Wilson KO, Porter L, Choi K. Electronic Cigarette Harm and Benefit Perceptions and Use Among Youth. American Journal of Preventive Medicine. 2018;55(3):361-7.
  5. Levy DT, Warner KE, Cummings KM, Hammond D, Kuo C, Fong GT, et al. Examining the relationship of vaping to smoking initiation among US youth and young adults: a reality check. Tobacco Control. 2019;28(6):629-35.
  6. Wang RJ, Bhadriraju S, Glantz SA. E-Cigarette Use and Adult Cigarette Smoking Cessation: A Meta-Analysis. American Journal of Public Health. 2021;111(2):230-46.
  7. Soule EK, Plunk AD, Harrell PT, Hayes RB, Edwards KC. Longitudinal Analysis of Associations Between Reasons for Electronic Cigarette Use and Change in Smoking Status Among Adults in the Population Assessment of Tobacco and Health Study. Nicotine and Tobacco Research. 2020;22(5):663-71.


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Réduction des méfaits du cannabis pour les jeunes ayant vécu une psychose


La consommation de cannabis peut être plus problématique pour les personnes ayant vécu un épisode de psychose. Stephanie Coronado-Montoya, doctorante dans le laboratoire de Didier Jutras-Aswad, plaide en faveur de la réduction des risques pour aider les personnes à gérer leur consommation problématique de cannabis.  

En examinant plus de 11 400 articles scientifiques, Stephanie a constaté qu’il existait peu d’interventions axées sur le cannabis pour les personnes atteintes de psychose qui souhaitaient réduire ou prévenir les dommages liés au cannabis. Son enquête nationale sur les préférences des patients a révélé deux demandes importantes de la part de la population : que les interventions soient courtes et basées sur la technologie.  

L’application CHAMPS répond à ces demandes (une application mobile contenant une brève intervention psychosociale visant à réduire les méfaits du cannabis chez les personnes atteintes de psychose). Pour en savoir plus sur cette initiative, veuillez écouter l’épisode complet et suivez Stephanie sur Instagram (@the.brain.diaries). 


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Mars 2023

Les bases génétiques de la consommation en cannabis

Le cannabis est l’une des substances psychoactives les plus utilisées dans le monde entier. Le risque accru de développer un trouble d’usage de cannabis a récemment été associé à certains variants génétiques. Ces découvertes ont conduit à de nombreuses études pour mieux comprendre la complexité de cette relation. Dans cette optique, l’article intitulé « Bases génétiques de l’utilisation du cannabis : une revue systématique » vise à résumer certaines des connaissances scientifiques publiées jusqu’à présent sur les déterminants génétiques qui sous-tendent des comportements reliés à l’usage du cannabis, à identifier des variants génétiques associés à un risque accru de mésusage du cannabis et aux méfaits qui peuvent en découler, et à mettre en lumière l’importance de poursuivre la recherche pour mieux comprendre les susceptibilités génétiques associées à la consommation de cette substance psychoactive.

L’un des gènes couramment identifiés parmi les résultats issus d’approches génomiques est le gène CNR1, qui code pour le récepteur à cannabinoïde 1 (CB1R). Le CB1R est fortement exprimé dans le cerveau et il est la cible principale du composé euphorique du cannabis, le delta-9-tétrahydrocannabinol (THC). Des études ont montré que certains variants du gène CNR1 sont associées à une plus grande inclinaison à consommer du cannabis, ainsi qu’à une sensibilité plus élevée aux effets du THC. Même scénario pour le gène AKT1, qui code pour une protéine impliquée dans la régulation de la croissance et de la survie des cellules. D’autres gènes ont également été associés à la consommation de cannabis, notamment le gène DRD2, qui code pour un récepteur de la dopamine impliqué dans la récompense et la motivation, et le gène FAAH, qui code pour une enzyme impliquée dans la dégradation des cannabinoïdes dans l’organisme.

Il est important de noter que la base génétique de la consommation de cannabis est complexe, multifactorielle et polygénique, et que les variants génétiques individuels n’ont probablement qu’un faible effet sur la propension d’un individu à consommer du cannabis. Les interactions entre certaines susceptibilités génétiques et les facteurs environnementaux, tels que la pression des pairs, la disponibilité et les normes sociales, jouent également un rôle important qui peuvent influencer la consommation de cannabis et ses conséquences. Cependant, l’étude des facteurs génétiques permet d’expliquer certains mécanismes en cause dans la réponse aux substances psychoactives, ce qui assure en retour la capacité d’identifier des facteurs de susceptibilités qui pourraient être utilisés pour prévenir d’éventuels méfaits ou optimiser certains bienfaits. Il est conséquemment important de considérer les facteurs génétiques dans la réponse aux différents produits issus du cannabis, un effort que nous mettons de l’avant au laboratoire en incluant des approches génomiques aux devis expérimentaux qui portent sur l’administration de cannabinoïdes chez l’humain. Cette démarche sera d’ailleurs mise en place dans les prochains projets qui démarreront au courant des mois à venir. Restez à l’affût de nos projets pour en savoir davantage.

Références

Hillmer A, Chawar C, Sanger S, D’Elia A, Butt M, Kapoor R, Kapczinski F, Thabane L, Samaan Z. Genetic basis of cannabis use: a systematic review. BMC Med Genomics. 2021 Aug 12;14(1):203. doi: 10.1186/s12920-021-01035-5. PMID: 34384432; PMCID: PMC8359088.

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Février 2023

La décriminalisation des drogues en Colombie-Britannique : un pas dans la bonne direction pour les personnes ayant un trouble d’usage de substances ?

En Colombie-Britannique, depuis le 31 janvier 2023, la possession par un adulte de 2,5 grammes de cocaïne, de méthamphétamine et d’opioïdes ne constitue plus une infraction pénale. Ce changement de législation s’est opéré grâce à une exemption de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances. La décriminalisation des drogues a été décrite comme une étape essentielle dans la démarche de la Colombie-Britannique visant à combattre les conséquences négatives associées au mésusage de plusieurs substances psychoactives, dont les opioïdes1,2. Le projet pilote de trois ans développé par la province s’inscrit dans un mouvement visant à réduire les méfaits associés à la consommation de drogues, notamment les décès par surdose et la criminalisation des personnes ayant un trouble d’usage de substances3. La consommation et la possession de drogues ne seraient ainsi plus considérées comme des infractions pénales, mais seraient plutôt traitées comme une question de santé publique.

Pour de nombreuses personnes ayant un trouble d’usage de substances, la décriminalisation représente un changement important dans la façon dont leur dépendance est perçue et traitée. Plutôt que d’être punies pour leur consommation de drogue, elles pourraient accéder aux services sociaux et de santé sans craindre d’être inculpées. La décriminalisation a également le potentiel de réduire le nombre de décès par surdoses en éliminant la crainte d’accusations criminelles qui empêche de nombreuses personnes de chercher de l’aide lorsqu’elles font une surdose ou sont témoins d’une surdose4. Les personnes qui consomment des substances à haut risque de surdose et de méfaits liés au trouble d’usage pourraient, dans ce contexte, accéder plus facilement à des interventions vitales comme la naloxone, rechercher un traitement, du soutien et des services de réduction des risques, sans crainte de stigmatisation ou de répercussions juridiques.

Néanmoins, la décriminalisation des drogues en Colombie-Britannique, loin d’être la panacée des solutions, représente une avancée significative dans la lutte contre les méfaits liés à la criminalisation de la consommation de drogues, et constitue dans l’ensemble une évolution positive pour les personnes ayant un trouble d’usage de substances5.

Références

1. CCLAT (Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances). Décriminalisation des substances contrôlées : Mémoire sur les politiques 2018. [Internet]. 2018 [cité le 2023 février 23]

2. Gouvernement de la Colombie-Britannique. Décriminalisation [Internet]. Gouvernement de la Colombie-Britannique ; [mis à jour le 7 novembre 2022 ; cité le 23 février 2023].

3. CBC News. What you need to know about drugs in British Columbia [Internet]. CBC News ; 2021 Oct 21 [cité 2023 Feb 23]

4. CBC News. Toxic drug supply’ : Why some experts say decriminalization is a key step to fight the overdose crisis [Internet]. CBC News ; 2022 Feb 23 [cité 2023 Feb 23].

5. Drug Policy Alliance. Approches de la décriminalisation [Internet]. Office des Nations Unies contre la drogue et le crime ; 2015 Feb [cité 2023 Feb 23].

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Hépatite C et tatouage : Attention à l’aiguille !

Même si le coronavirus est un sujet très discuté depuis quelques années, il existe un autre type de virus qui mérite également notre attention: le virus de l’hépatite C (VHC). Mais ne vous inquiétez pas trop! Celui-ci n’est pas aussi facilement transmissible que le Coronavirus. Cependant, le VHC peut tout de même provoquer une maladie du foie non symptomatique et de longue durée. Chez un petit nombre de patients, il peut provoquer des maladies du foie en phase terminale, comme la cirrhose et le cancer du foie.

Le VHC est une infection transmissible par le sang, ce qui signifie qu’il faut un contact percutané avec le sang ou les liquides organiques d’une personne infectée par le VHC pour contracter la maladie. Habituellement, votre peau constitue une solide fortification contre le virus. Néanmoins, ce virus peut facilement franchir cette barrière par le biais d’objets pointus comme les aiguilles de tatouage. Oui ! Le tatouage peut augmenter le risque de contracter quelques maladies infectieuses comme l’hépatite C. Toutefois, ce n’est pas le cas pour la plupart des tatouages réalisés par des tatoueurs professionnels bien formés. Ces derniers connaissent leur métier et savent comment stériliser leurs instruments afin de ramener le risque à zéro pour leurs clients. C’est surtout dans les salons de tatouage amateurs ou illégaux que l’on peut trouver un problème. Une étude de Poulin et coll. a révélé que le tatouage non professionnel à l’intérieur de la prison était un facteur de risque d’infection par le VHC dans le système correctionnel provincial du Québec. Toute forme de tatouage non professionnel, comme l’utilisation de kits de tatouage à domicile, peut vous exposer à un risque de transmission du VHC. Il existe des précautions et mesures de sécurité que toute personne pratiquant l’art du tatouage devrait suivre pour rendre le tatouage sûr en termes de transmission d’infections virales. Bien que cela puisse être stressant pour ceux qui ont déjà pratiqué le tatouage à titre non professionnel, il y a aussi de bonnes nouvelles : le dépistage du VHC est très facile d’accès et, grâce aux traitements disponibles, il est possible d’éliminer le virus.

Le laboratoire du Dr Didier Jutras-Aswad contribue à une étude de cohorte sur l’infection par le VHC chez les personnes qui s’injectent des drogues (étude HEPCO) à Montréal. Vous pouvez trouver plus d’informations ici.

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December 2022

A major national knowledge transfer event was held last November in Banff. The gathering, organized by the Canadian Substance Abuse Research Initiative (CSARI), brought together all staff who have participated in the OPTIMA project, including researchers, clinicians and students. 

During the event, participants were invited to take part in the sharing of the project’s results as well as in a discussion regarding the aftereffects and, more importantly, the future steps offered by these results. Several students from the Didier Jutras-Aswad Laboratory who worked on OPTIMA participated in this meeting to present their respective projects. Among others, Hamzah Bakouni, Gabriel Bastien and Laurent Elkrief participated in the « My thesis in 3 minutes » contest.

What made this experience unique was the involvement of outstanding partners. Among others, the Alberta Alliance who Educates and Advocates Responsibly (AAWEAR), a harm reduction organization, offered access to a « wellness room ». This space could be used for training, peer support, or supplies for safer substance use. A collaborator group composed of multiple members of Indigenous Peoples had set up several activities, such as the Gathering of Indigenous Nations. This event allowed guests to interact with other participants from Indigenous Peoples, including the Indigenous Talking Circle, a ceremony for sharing and creating a safe environment. A conference on the Declaration of Principles for Indigenous Research was also held.

To learn more about the Canadian Substance Abuse Research Initiative (CSARI), click here.

To learn more about the OPTIMA Project, click here.