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Traitements innovants en toxicomanie

Avril 2025


L’importance de prendre en compte la santé du sommeil dans les interventions pour les troubles liés à l’usage de substances

Les troubles du sommeil sont fréquents chez les jeunes adultes, les données indiquant qu’environ 40 % des personnes de ce groupe d’âge présentent au moins un trouble du sommeil (McArdle et al., 2020). Des études ont montré que ces troubles pourraient jouer un rôle contributif dans l’initiation, le maintien et la rechute des troubles liés à l’usage de substances (TUS) (Roehrs & Roth, 2015). En effet, les perturbations du sommeil augmentent souvent des facteurs qui favorisent la consommation de substances, tels que le stress, les troubles de l’humeur et la sensibilité à la douleur. De plus, la consommation chronique de substances addictives perturbe à la fois la qualité et la durée du sommeil, tandis que l’abstinence induit souvent de l’insomnie et des affects négatifs. Ces perturbations du sommeil et la dysrégulation émotionnelle intensifient les “cravings”, augmentant ainsi la probabilité de rechute. Cela suggère une relation bidirectionnelle entre les troubles du sommeil et les TUS (T. Roehrs et al., 2021).

Une étude récemment publiée par Moskal et al. (2024) souligne le rôle crucial de la santé du sommeil dans la compréhension des motifs de consommation de substances. Pendant 14 jours, l’étude a examiné l’impact quotidien de la durée et de la qualité du sommeil de la nuit précédente sur les motifs de consommation d’alcool et de cannabis le jour suivant chez des individus en bonne santé. Les résultats ont révélé que, pour le cannabis, une durée de sommeil plus courte était associée à une augmentation des motifs d’amélioration – c’est-à-dire l’utilisation du cannabis pour améliorer l’humeur ou le plaisir. Inversement, une meilleure qualité de sommeil semblait réduire la probabilité d’utiliser le cannabis à ces fins. D’autre part, une meilleure qualité de sommeil était liée à des motifs d’amélioration et de gestion de la dépression plus importants pour l’alcool, peut-être pour renforcer l’humeur positive et atténuer les symptômes dépressifs. Les auteurs ont suggéré que ces variations pourraient être dues aux différences de contexte dans lesquels l’alcool et le cannabis sont consommés.

Chez les personnes souffrant de TUS, la consommation chronique de substances peut entraîner des troubles du sommeil sévères et persistants, qui peuvent persister même pendant les périodes d’abstinence et constituer un facteur important de rechute (Angarita et al., 2016; Arnedt et al., 2012). Et bien qu’il existe des similitudes dans les motifs d’amélioration et de gestion de la dépression pour l’usage de substances entre les populations saines et celles atteintes de TUS, ces dernières font face à des défis supplémentaires tels que la dépendance, les “cravings” à forte intensité et des symptômes de sevrage sévères.

Ces résultats soulignent l’influence importante du sommeil sur les troubles liés à l’usage de substances, suggérant qu’améliorer la santé du sommeil pourrait atténuer les motifs associés à une consommation problématique. L’étude met en évidence la nécessité d’intégrer des interventions axées sur le sommeil dans le traitement des TUS, car la prise en charge des troubles du sommeil pourrait directement réduire les conséquences délétères, et servir de mesure préventive contre l’escalade des comportements de consommation problématique de substances.

Les options de traitement actuelles pour l’insomnie et autres troubles du sommeil incluent la pharmacothérapie (telles que les benzodiazépines et les sédatifs antidépresseurs) (Lie et al., 2015), qui se sont avérées efficaces pour améliorer le sommeil à court terme, mais présentent des risques d’effets secondaires négatifs et des preuves limitées quant à leur efficacité à long terme. D’autres options incluent la psychothérapie, plus précisément la thérapie cognitivo-comportementale pour l’insomnie (TCC-I), actuellement considérée comme le traitement de référence. La TCC-I regroupe une gamme d’approches non pharmacologiques, comprenant des stratégies éducatives telles que la psychoéducation et l’hygiène du sommeil, des techniques comportementales telles que la relaxation, la restriction du sommeil, le contrôle des stimuli et l’intention paradoxale, ainsi que des stratégies cognitives visant à identifier et à remettre en question les pensées dysfonctionnelles et les inquiétudes excessives concernant le sommeil (Van Straten et al., 2017).

En conclusion, intégrer la santé du sommeil au cœur des stratégies de traitement des troubles liés à l’usage de substances constitue une approche essentielle pour rompre le cercle vicieux de l’addiction. En favorisant des habitudes de sommeil optimales, nous pouvons non seulement réduire les comportements à risque, mais également renforcer l’efficacité des interventions thérapeutiques, offrant ainsi aux jeunes adultes de meilleures perspectives de rétablissement durable.

Article par Selim Abou-Rahal

Références

Angarita, G. A., Emadi, N., Hodges, S., & Morgan, P. T. (2016). Sleep abnormalities associated with alcohol, cannabis, cocaine, and opiate use: A comprehensive review. Addiction Science & Clinical Practice, 11(1), 9. https://doi.org/10.1186/s13722-016-0056-7

Arnedt, J. T., Conroy, D. A., & Brower, K. J. (2012). Treatment options for sleep disturbances during alcohol recovery. Journal of Addictive Diseases, 30(4), 257-276. https://doi.org/10.1080/10550887.2011.642758

Lie, J. D., Tu, K. N., Shen, D. D., & Wong, B. M. (2015). Pharmacological treatment of insomnia. P & T: A Peer-Reviewed Journal for Formulary Management, 40(11), 759-771. https://doi.org/10.1016/j.addbeh.2024.108237

McArdle, N., Ward, S. V., Bucks, R. S., Maddison, K., Smith, A., Huang, R., Pennell, C. E., Hillman, D. R., & Eastwood, P. R. (2020). The prevalence of common sleep disorders in young adults: a descriptive population-based study. SLEEP, 43(10). https://doi.org/10.1093/sleep/zsaa072

Moskal, K. R., Miller, M. B., Shoemaker, S. D., Trull, T. J., & Wycoff, A. M. (2024). Sleep quality and duration as predictors of alcohol and cannabis use motives in daily life. Addictive Behaviors, 108237. https://doi.org/10.1016/j.addbeh.2024.108237

Roehrs, T. A., & Roth, T. (2015). Sleep disturbance in substance use disorders. Psychiatric Clinics of North America, 38(4), 793–803. https://doi.org/10.1016/j.psc.2015.07.008

Roehrs, T., Sibai, M., & Roth, T. (2021). Sleep and alertness disturbance and substance use disorders: A bi-directional relation. Pharmacology Biochemistry and Behavior, 203, 173153. https://doi.org/10.1016/j.pbb.2021.173153

Van Straten, A., Van Der Zweerde, T., Kleiboer, A., Cuijpers, P., Morin, C. M., & Lancee, J. (2017). Cognitive and behavioral therapies in the treatment of insomnia: A meta-analysis. Sleep Medicine Reviews, 38, 3–16. https://doi.org/10.1016/j.smrv.2017.02.001

 


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Mars 2025


Image: https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/03/Healthy_lifestyle%2C_Zlat%C3%A1_Ba%C5%88a_25_Slovakia_1.jpg

Progresser sans arrêter complètement : Réduire sa consommation d’opioïdes peut améliorer la qualité de vie

Les traitements traditionnels contre la dépendance aux opioïdes sur ordonnance mettent souvent l’accent sur l’abstinence totale. Pourtant, cette approche ne convient pas toujours aux personnes concernées, en particulier avec l’augmentation de l’usage du fentanyl. Une approche de réduction des méfaits, qui vise à diminuer la consommation plutôt qu’à l’éliminer complètement, pourrait apporter des améliorations significatives, mais les recherches sur ce sujet restent limitées. L’article suivant discute d’une étude en lien avec une réduction de la fréquence de consommation d’opioïdes pendant le traitement dans le but d’améliorer divers aspects de la vie quotidienne. Les données de l’essai OPTIMA ont été analysées, où deux traitements courants du trouble lié à l’usage d’opioïdes ont été comparés : la buprénorphine/naloxone à domicile et la méthadone supervisée.

Sur une période de 24 semaines, 114 participants ont signalé leur fréquence de consommation d’opioïdes toutes les deux semaines, tout en évaluant leur bien-être au début et à la fin de l’étude. Les résultats montrent qu’une réduction de la consommation était associée à une meilleure santé physique et mentale, ainsi qu’à une diminution des problèmes liés à l’alcool. Cependant, l’impact sur l’emploi, la famille et les problèmes légaux n’était pas significatif. Les bienfaits étaient visibles chez les personnes qui consommaient 21 jours ou moins par mois. Ces résultats soulignent l’importance des stratégies de réduction des méfaits, démontrant qu’une approche visant à réduire la consommation, sans forcément viser l’abstinence immédiatement, peut améliorer la qualité de vie et fournir des bénéfices aux personnes concernées.

Lien de l’article: Opioid consumption frequency and its associations with potential life problems during opioid agonist treatment in individuals with prescription-type opioid use disorder: exploratory results from the OPTIMA Study – PubMed

 

Article par Anita Abboud


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Février 2025


Panel sur le Continuum de la réduction des méfaits et les défis de son implantation dans les milieux de soins en santé mentale. Photo par Cédric Pek, 28 novembre 2024.

Le 28 novembre dernier a eu lieu la Journée scientifique annuelle du Centre d’expertise et de collaboration en troubles concomitants (CECTC). Des centaines d’acteurs et d’actrices du milieu de la santé mentale et de la toxicomanie, notamment des milieux hospitaliers, communautaires et politiques, ont participé à cette journée portant sur l’intégration des interventions en réduction des méfaits* dans les services de soins de santé mentale. Les présentations ont permis de mettre en lumière l’efficacité de certaines interventions, notamment la distribution de matériel d’injection et d’inhalation et les centres d’injection supervisées, dans la diminution des infections au VIH et à l’hépatite C et la réduction des surdoses mortelles chez les personnes utilisatrices de drogues. Des discussions animées et enrichissantes tout au long de la journée ont servi à identifier des barrières significatives dans l’intégration des approches de réduction des méfaits dans les services de santé mentale. Notamment, le manque de formation des intervenants et intervenantes en santé mentale, les barrières politiques et juridiques dans la collaboration entre les différentes instances du système de la santé et des services sociaux, la stigmatisation de la consommation de substances psychoactives, et la non-reconnaissance de l’expertise des pairs-aidants limitent l’accès et la qualité des interventions en réduction des méfaits. De nombreuses solutions à ces barrières ont été mises de l’avant, dont l’amélioration des conditions de travail et de l’intégration des pairs-aidants dans les équipes cliniques, la mise en place d’équipes multidisciplinaires incluant des spécialistes en éthique, la favorisation de la cohabitation entre les services de réduction des méfaits et la population générale et la collaboration entre les équipes sur le terrain et les milieux de recherche. 

*La réduction des méfaits est une approche interventionnelle visant à réduire les conséquences liées à la consommation de substances psychoactives. Les approches de réduction des méfaits les plus connues incluent les programmes d’accès au matériel d’injection et d’inhalation, les sites de consommation supervisée et la distribution de kits de naloxone (médicament permettant de renverser les surdoses d’opioïdes).

 

Si vous êtes intéressé.e à suivre une formation gratuite sur l’administration de naloxone, visitez le site Web du programme PROFAN 2.0 à l’adresse suivante : https://www.profan.ca/fr/offre-de-formations.

 

Pour facilement identifier des centres d’accès au matériel d’injection et d’inhalation près de chez vous, veuillez-vous référer à l’outil de recherche suivant : https://sante.gouv.qc.ca/repertoire-ressources/cami/.

 

Article par Gabriel Bastien


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Novembre 2024


La santé mobile pour la recherche sur le cannabis

Bien que de nombreuses interventions et stratégies de prévention plus traditionnelles en santé mentale et en santé publique existent, certaines d’entre elles ayant démontré à plusieurs reprises leur efficacité (1,2), la vaste majorité de ces outils numériques demeure cependant sous-utilisée par la population qui pourrait en bénéficier. Les limitations conduisant à ce constat sont multiples (financières, socio-économiques, pénurie de personnel clinique, stigmatisation) (3) et les interventions demeurent peu investiguées par la communauté scientifique.

Ainsi, les interventions en santé mobile apparaissent comme une alternative moderne et accessible dont la popularité grandissante s’explique par leur accessibilité et leur facilité d’approche, surtout depuis la pandémie de COVID-19. En effet, de nombreuses revues de littérature systématiques et des méta-analyses d’essais randomisés contrôlés (RCT) sur le sujet ont été publiées lors de la dernière décennie (4,5). Les interventions en santé mobile pourraient être définies comme toute intervention médicale ou de santé publique déployée sous format numérique via un appareil mobile (messages textes, applications), des sites web, des systèmes de surveillance digitale, des assistants personnels digitaux ainsi que tout autre appareil sans fil, complexe ou non (6).

Dans le contexte de la consommation de cannabis au Québec, plusieurs applications mobiles existent ou sont en cours de développement avec un contenu varié et basé sur des données probantes en santé (informationnel, préventif, thérapeutique etc.). De plus, au sein de la littérature portant sur les recommandations d’utilisations plus sécuritaires du cannabis, une insistance est mise sur l’incorporation des stratégies de protections comportementales afin de réduire les risques liés à l’usage du cannabis (7). Un exemple de stratégie comportementale serait d’opter pour des produits à faible teneur en THC ou avec une proportion plus importante de CBD que de THC. (8)

Enfin, les interventions en santé mobile portant sur l’usage du cannabis seraient d’autant plus pertinentes pour rejoindre les jeunes adultes qui rapportent une préférence pour les approches virtuelles (9,10). C’est donc dans ce cadre précis qu’émergent deux essais randomisés contrôlés pilotes de deux applications mobiles, soit « Cannabis Harm-reducing Application to Manage Practices Safely (CHAMPS) » et « ICanChange » (ICC).

La première application vise à développer des méthodes de réduction des méfaits liés à la consommation de cannabis tandis que la seconde application vise à réduire la consommation de cannabis. Les deux projets de recherche ont pour objectif principal de mesurer la faisabilité de ce type d’interventions chez une population jeune de 18 à 35 ans ayant eu un premier épisode psychotique. D’autres types d’initiatives de santé mobile non interventionnelles mais observationnelles voient également le jour. L’une d’entre elles, nommée TRICCHOME, devrait débuter en janvier 2025. Elle permettra de peindre un portrait réaliste et détaillé de la consommation de cannabis des jeunes adultes consommant du cannabis au moins une fois par semaine via une application mobile. Ainsi, la santé mobile est en constante évolution et se présente sous plusieurs formes. Elle ouvre également la voie à plusieurs pans de possibilités pour la recherche sur le cannabis en dématérialisant les ressources, en offrant des interventions plus accessibles et en capturant des données clefs.

Pour en savoir plus et suivre l’évolution des projets mentionnés ci-dessus, nous vous invitons à consulter notre site web ainsi que nos réseaux sociaux.

Article par Amani Mahroug

Références

  1. Singh, V., Kumar, A., & Gupta, S. (2022). Mental health prevention and promotion—A narrative review. Frontiers in psychiatry, 13, 898009.
  2. Breedvelt, Josefien JF, et al. « A systematic review of mental health measurement scales for evaluating the effects of mental health prevention interventions. » European Journal of Public Health3 (2020): 510-516
  3. Kerridge BT, Mauro PM, Chou SP, Saha TD, Pickering RP, Fan AZ, et al. Predictors of treatment utilization and barriers to treatment utilization among individuals with lifetime cannabis use disorder in the United States. Drug Alcohol Depend.Dec 01, 2017;181:223-228.
  4. Perski O, Hébert ET, Naughton F, Hekler EB, Brown J, Businelle MS. Technology‐mediated just‐in‐time adaptive interventions (JITAIs) to reduce harmful substance use: a systematic review. Addiction. 2022 May;117(5):1220-41.
  5. Lehtimaki, S., Martic, J., Wahl, B., Foster, K. T., & Schwalbe, N. (2021). Evidence on digital mental health interventions for adolescents and young people: systematic overview. JMIR mental health8(4), e25847.
  6. WHO 2017 16. World Health Organization. Global Diffusion of eHealth: Making Universal Health Coverage Achievable. (World Health Organization, 2017).
  7. Côté, J., Chicoine, G., Vinette, B., Auger, P., Rouleau, G., Fontaine, G., & Jutras-Aswad, D. (2024). Digital Interventions for Recreational Cannabis Use Among Young Adults: Systematic Review, Meta-Analysis, and Behavior Change Technique Analysis of Randomized Controlled Studies. Journal of Medical Internet Research26, e55031.
  8. Fischer, B., Robinson, T., Bullen, C., Curran, V., Jutras-Aswad, D., Medina-Mora, M. E., … & Hall, W. (2022). Lower-Risk Cannabis Use Guidelines (LRCUG) for reducing health harms from non-medical cannabis use: A comprehensive evidence and recommendations update. International Journal of Drug Policy99, 103381.
  9. Coronado-Montoya, S., Abdel-Baki, A., Crockford, D., Côté, J., Dubreucq, S., Dyachenko, A., … & Jutras-Aswad, D. (2024). Preferences of Young Adults With Psychosis for Cannabis-Focused Harm Reduction Interventions: A Cross-Sectional Study: Préférences des jeunes adultes souffrant de psychose pour les interventions de réduction des méfaits axées sur le cannabis: une étude transversale. The Canadian Journal of Psychiatry, 07067437241242395.
  10. Tatar, O., Abdel-Baki, A., Dyachenko, A., Bakouni, H., Bahremand, A., Tibbo, P. G., … & Jutras-Aswad, D. (2023). Evaluating preferences for online psychological interventions to decrease cannabis use in young adults with psychosis: An observational study. Psychiatry research326, 115276.


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Octobre 2024

L’unité de THC standardisée au Canada ?

 

Depuis que le cannabis récréatif a commencé à être vendu légalement au Canada en 2018, la gamme de produits proposés s’est considérablement élargie. Non seulement il y a plus de choix que jamais en termes de types de produits et de façons de les utiliser, mais aussi en termes de niveaux du composant actif, le delta-9-tétrahydrocannabinol (THC). La tendance, tant au Canada qu’à l’étranger, est aux produits de cannabis plus forts et plus puissants, ce qui signifie des niveaux plus élevés de THC. (Hammond et al., 2022) Mais la recherche a montré que la plupart des consommateurs ne sont pas familiers avec les niveaux de THC, ni avec ce qui constitue une dose « faible » ou « élevée » de THC. (Leos-Toro et al., 2020 ; Lineham et al., 2023) Cela peut conduire à une surconsommation accidentelle, entraînant des effets secondaires indésirables et des conséquences négatives pour la santé.

 

Un article récent de Shea Wood et de ses collègues, publié dans l’International Journal of Drug Policy, présente l’idée d’adopter une unité de THC standardisée au Canada.(Wood et al., 2024) L’unité de THC canadienne standardisée recommandée par les auteurs est de 2,5 mg, ce qui, selon la recherche, serait suffisant pour produire un « high ».(Kleinloog et al., 2014) Cette dose suit également les suggestions de sélection d’une unité standard suffisamment faible pour ne pas causer d’effets secondaires graves chez les nouveaux consommateurs de cannabis, qui sont susceptibles d’avoir une faible tolérance au THC et un plus grand besoin de conseils.(Chester et al., 2020) L’objectif de l’utilisation d’une unité standard de THC serait de mieux informer les consommateurs et de leur donner les moyens de prendre des décisions fondées sur des données probantes dans leur choix de produits et leur consommation de cannabis. Une unité de THC standard similaire est déjà utilisée par les chercheurs dans le domaine du cannabis, mais il y a encore beaucoup de choses à prendre en compte avant de l’adopter sur le marché canadien du cannabis.

 

Actuellement, le cannabis vendu au Canada est étiqueté avec les quantités de THC sous forme de concentration ou de quantité par dose, ainsi que la quantité totale par contenant (Gouvernement du Canada, 2024). Cependant, il y a beaucoup d’incohérence dans l’étiquetage entre les différents types de produits et entre les différentes provinces, ce qui peut rendre plus difficile pour les consommateurs de faire le lien entre les nombres de THC et la force du produit. Selon M. Wood et ses collègues, l’utilisation d’une unité standard aiderait les gens à comprendre la force d’un produit à base de cannabis, ce qui permettrait aux consommateurs de prédire plus facilement l’effet qu’il aura sur eux. En ajoutant la quantité d’un produit contenant une unité standard, par exemple 1 ml de liquide de vapotage ou 2 morceaux d’un produit comestible, les consommateurs pourraient décider à l’avance de la manière dont ils utiliseront le produit, plutôt que d’essayer de titrer leur consommation au cours de l’usage. Il serait également plus facile de suivre les tendances du marché et d’estimer la quantité de THC consommée par la population au fil du temps, ainsi que l’évolution de la puissance des produits du cannabis eux-mêmes.

 

L’une des principales questions est de savoir comment appliquer une seule unité de THC à tous les types de produits du cannabis, quelle que soit la manière dont ils sont utilisés. Par exemple, le THC est généralement moins bien absorbé par l’organisme lorsqu’il est consommé que lorsqu’il est fumé ou vapé, ce qui signifie qu’une quantité moindre atteint le cerveau. Wood et ses collègues expliquent que même si le THC contenu dans les produits comestibles est moins bien absorbé, les effets s’équilibrent car une plus grande quantité de THC est convertie en 11-hydroxy-THC, qui est tout aussi psychoactif, voire plus, que le THC. Les auteurs soulignent toutefois que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre comment le THC contenu dans les différents types de cannabis affecte les personnes, d’autant plus qu’il existe de nombreux autres cannabinoïdes, tels que le cannabidiol (CBD) et le delta-8-THC, qui diffèrent également d’un produit à l’autre.

 

Le choix et la mise en œuvre d’une unité canadienne de THC nécessiteront la prise en compte de nombreux facteurs, notamment la quantité de THC susceptible de causer des problèmes de santé en cas de consommation fréquente sur une longue période, et la manière dont l’unité normalisée s’inscrirait dans les lignes directrices et la politique actuelles en matière de santé publique. D’autres experts soutiennent que la méthode actuelle de mesure du THC en milligrammes peut répondre à tous les besoins de l’unité standard proposée. Si une unité standard de THC est adoptée au Canada, une campagne d’éducation publique à long terme sera nécessaire pour apprendre aux consommateurs ce que représente une unité de THC et comment elle peut différer d’un produit à l’autre. En fin de compte, toute décision prise doit répondre à l’objectif central de la loi sur le cannabis, à savoir « protéger la santé et la sécurité publiques » (Gouvernement du Canada, 2018).

 

Article par Lucy Chester

Références

Chester, L. A., Chesney, E., Oliver, D., Wilson, J., & Englund, A. (2020). How experimental cannabinoid studies will inform the standardized THC unit. Addiction, 115(7), 1217-1218. https://doi.org/10.1111/add.14959

Government of Canada. (2018). Cannabis Act (S. C. 2018, c. 16). Retrieved 20/11/2024 16:50 from https://laws-lois.justice.gc.ca/eng/acts/c-24.5/

Government of Canada. (2024, 30/01/2024). How to read and understand a cannabis product label. Retrieved 20/11/2024 16:05 from https://www.canada.ca/en/health-canada/services/drugs-medication/cannabis/personal-use/how-read-understand-cannabis-product-label.html

Hammond, D., Goodman, S., Wadsworth, E., Freeman, T. P., Kilmer, B., Schauer, G., Pacula, R. L., & Hall, W. (2022). Trends in the use of cannabis products in Canada and the USA, 2018 – 2020: Findings from the International Cannabis Policy Study. Int J Drug Policy, 105, 103716. https://doi.org/10.1016/j.drugpo.2022.103716

Kleinloog, D., Roozen, F., De Winter, W., Freijer, J., & Van Gerven, J. (2014). Profiling the subjective effects of Δ 9 -tetrahydrocannabinol using visual analogue scales. In International Journal of Methods in Psychiatric Research (Vol. 23, pp. 245-256).

Leos-Toro, C., Fong, G. T., Meyer, S. B., & Hammond, D. (2020). Cannabis labelling and consumer understanding of THC levels and serving sizes. Drug Alcohol Depend, 208, 107843. https://doi.org/10.1016/j.drugalcdep.2020.107843

Lineham, J., Wadsworth, E., & Hammond, D. (2023). Self-reported THC content and associations with perceptions of feeling high among cannabis consumers. Drug Alcohol Rev, 42(5), 1142-1152. https://doi.org/10.1111/dar.13664

Wood, S., Gabrys, R., Freeman, T., & Hammond, D. (2024). Canada’s THC unit: Applications for the legal cannabis market. International Journal of Drug Policy, 128, 104457. https://doi.org/https://doi.org/10.1016/j.drugpo.2024.104457

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Janvier 2025

This file is licensed under the Creative Commons Attribution 4.0 International license. Retrieved from Wikimedia commons on December 14th 2024. Original source : Our World in Data 2022-11-30, https://owidm.wmcloud.org/grapher/dalys-rates-from-adhd.

TDAH, amphétamines et troubles lié à l’utilisation de substance – histoire, épidémiologie et implications pour la santé mondiale des populations

Le trouble du déficit de l’attention et d’hyperactivité (TDAH) est l’un des troubles neurodéveloppementaux les plus diagnostiqués dans le monde (1). Le TDAH se manifeste par une inattention persistante, une désinhibition des comportements verbomoteurs et par l’impulsivité. Sans intervention adaptée, cette condition peut impacter le fonctionnement de ces personnes sur les plans social, personnel et professionnel (3-5). Aux États-Unis, on estime qu’environ 7.1 millions de jeunes âgés entre 3 et 17 ans avait reçu ce diagnostic en 2022 (2) alors que 15.5 millions adultes avaient reçu ce diagnostic en 2023 (5). On estime une prévalence mondiale entre 8-10% chez les jeunes et 2.5-6% chez les adultes (5-10).

Les traitements par les amphétamines et méthamphétamines sont reconnus comme l’une des méthodes les plus efficaces pour minimiser les symptômes de cette condition. Depuis leur introduction, la prescription de ces stimulants pour le TDAH ne cesse d’augmenter à travers le monde (11). La prescription de stimulants pour le TDAH est controversée, notamment à cause de ces effets néfastes potentiels, l’absence de réel bénéfice à long-terme et des enjeux éthiques entourant l’amélioration cognitive (12-13). En effet, ces agents pharmacologiques peuvent conduire au développement d’une dépendance lorsqu’utilisés de façon contre-indiquée (14). Cependant, la prévalence actuelle du TDAH chez les individus vivant avec un trouble d’usage d’amphétamine (ATSUD) est peu documentée (15-16).

Dans le cadre d’un nouveau projet intitulé COMPASS, notre équipe évaluera la prévalence mondiale du TDAH chez les adultes vivant avec un ATSUD en réalisant une revue systématique et une méta-analyse des proportions de TDAH concomitant au ATSUD rapportées dans la littérature scientifique à travers le monde et le temps.

Article par Anne-Marie Bissonnette

Références

  1. Francés L, Quintero J, Fernández A, Ruiz A, Caules J, Fillon G, et al. Current state of knowledge on the prevalence of neurodevelopmental disorders in childhood according to the DSM-5: a systematic review in accordance with the PRISMA criteria. Child Adolesc Psychiatry Ment Health. 2022;16(1):27.
  2. Danielson ML, Claussen AH, Bitsko RH, Katz SM, Newsome K, Blumberg SJ, et al. ADHD Prevalence Among U.S. Children and Adolescents in 2022: Diagnosis, Severity, Co-Occurring Disorders, and Treatment. Journal of Clinical Child & Adolescent Psychology. 2024;53(3):343-60.
  3. Diagnostic and statistical manual of mental disorders (5th ed., text rev.). 2022.
  4. Lauder K, McDowall A, Tenenbaum HR. A systematic review of interventions to support adults with ADHD at work—Implications from the paucity of context-specific research for theory and practice. Frontiers in psychology. 2022;13:893469.
  5. Staley BS. Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder Diagnosis, Treatment, and Telehealth Use in Adults—National Center for Health Statistics Rapid Surveys System, United States, October–November 2023. MMWR Morbidity and Mortality Weekly Report. 2024;73.
  6. Ayano G, Demelash S, Gizachew Y, Tsegay L, Alati R. The global prevalence of attention deficit hyperactivity disorder in children and adolescents: An umbrella review of meta-analyses. Journal of Affective Disorders. 2023;339:860-6.
  7. Ayano G, Tsegay L, Gizachew Y, Necho M, Yohannes K, Abraha M, et al. Prevalence of attention deficit hyperactivity disorder in adults: Umbrella review of evidence generated across the globe. Psychiatry Research. 2023;328:115449.
  8. Song P, Zha M, Yang Q, Zhang Y, Li X, Rudan I. The prevalence of adult attention-deficit hyperactivity disorder: A global systematic review and meta-analysis. J Glob Health. 2021;11:04009.
  9. Zablotsky B, Black LI, Maenner MJ, Schieve LA, Danielson ML, Bitsko RH, et al. Prevalence and Trends of Developmental Disabilities among Children in the United States: 2009-2017. Pediatrics. 2019;144(4).
  10. Collaborators GMD. Global, regional, and national burden of 12 mental disorders in 204 countries and territories, 1990–2019: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2019. The Lancet Psychiatry. 2022;9(2):137-50.
  11. Chan AY, Ma T-T, Lau WC, Ip P, Coghill D, Gao L, et al. Attention-deficit/hyperactivity disorder medication consumption in 64 countries and regions from 2015 to 2019: a longitudinal study. EClinicalMedicine. 2023;58.
  12. Gonon F. The dopaminergic hypothesis of attention-deficit/hyperactivity disorder needs re-examining. Trends in Neurosciences. 2009;32(1):2-8.
  13. Safer DJ. Are stimulants overprescribed for youths with ADHD? Ann Clin Psychiatry. 2000;12(1):55-62.
  14. Belfiore CI, Galofaro V, Cotroneo D, Lopis A, Tringali I, Denaro V, Casu M. A Multi-Level Analysis of Biological, Social, and Psychological Determinants of Substance Use Disorder and Co-Occurring Mental Health Outcomes. Psychoactives. 2024;3(2):194-214.
  15. van Emmerik-van Oortmerssen K, van de Glind G, van den Brink W, Smit F, Crunelle CL, Swets M, Schoevers RA. Prevalence of attention-deficit hyperactivity disorder in substance use disorder patients: A meta-analysis and meta-regression analysis. Drug and Alcohol Dependence. 2012;122(1):11-9.
  16. Mikail NOURREDINE, Lucie JUREK, Benjamin ROLLAND. Prevalence of substance use disorder in adult with attention deficit/hyperactivity disorder: A systematic review and meta-analysis. PROSPERO 2024 CRD42024388211 Available from: https://www.crd.york.ac.uk/prospero/display_record.php?ID=CRD42024388211
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Traitements innovants en toxicomanie

Septembre 2024


À la recherche d’un remède pour les troubles liés à l’utilisation d’amphétamines : sommes-nous proches d’une solution ?

Les troubles liés à l’utilisation d’amphétamines émergent comme un problème de santé publique silencieux, faisant plus de victimes dans les années 2020 que dans toutes les années précédentes combinées, autant au Canada qu’aux États-Unis. Selon les résultats de l’étude Global Burden of Disease (GBD) 2021 (1), les taux de mortalité standardisés par âge ont grimpé en flèche au cours des 20 dernières années (0,15 pour 100 000 en 2000 contre 1,12 pour 100 000 en 2020) dans les pays nord-américains à revenu élevé (Figure). Cette tendance alarmante souligne le besoin urgent de stratégies efficaces de réduction des méfaits et de traitements pharmacologiques pour compléter les interventions psychosociales existantes.

Il n’existe actuellement aucun traitement pharmacologique largement accepté pour les troubles liés à l’utilisation d’amphétamines. Sur des centaines d’essais cliniques au cours des 30 dernières années, certains médicaments, tels que les psychostimulants et le bupropion, ont montré des signaux modestes d’efficacité. Cependant, aucun médicament n’a encore démontré de manière constante une efficacité suffisamment robuste pour être intégré dans les soins apportés aux personnes vivant avec un trouble lié à l’utilisation d’amphétamines.

Une étude récente (ADAPT-2) publiée dans le New England Journal of Medicine en 2021 (2) nous a fourni des preuves concrètes de l’efficacité et de l’innocuité de l’association du bupropion (un antidépresseur stimulant) et de la naltrexone injectable à libération prolongée (un antagoniste des opioïdes) pour le traitement des troubles liés à l’utilisation d’amphétamines. Cette thérapie combinée a donné de l’espoir en montrant qu’elle peut être associée à une diminution à court terme de l’utilisation et de l’envie d’amphétamines. Bien que ces résultats encourageants puissent contribuer à façonner certaines recommandations appuyées par des données probantes, les résultats ne portaient que sur deux phases d’étude de 6 semaines sans fournir de signaux sur l’efficacité à long terme de ce traitement. De plus, l’étude ADAPT-2 n’incluait pas de groupes distincts pour le bupropion et la naltrexone utilisé indépendamment en monothérapie. Il est donc difficile de déterminer la contribution individuelle de chaque médicament aux bénéfices observés. Une méta-analyse de Bakouni et al. (3) a confirmé les résultats de l’étude ADAPT-2, même en incluant les études sur le bupropion seul. Ces données suggèrent que le bupropion peut être efficace dans le traitement des troubles liés à l’utilisation d’amphétamines. Une autre méta-analyse (manuscrit accepté) de Bastien et al. (4) sur l’intervention à la naltrexone seule n’a pas soutenu un régime de naltrexone autonome comme traitement efficace. Alors que les résultats de l’étude ADAPT-2 ont fait évoluer notre compréhension de la prise en charge des troubles liés à l’utilisation d’amphétamines, d’autres essais cliniques de ces molécules sont nécessaires pour aider à l’établissement d’un traitement convaincant fondé sur les preuves.

Les psychostimulants sur ordonnance tels que le méthylphénidate et la dextroampétamine sont un autre groupe de médicaments qui ont été largement étudiés pour le traitement des troubles liés à l’utilisation d’amphétamines. Ces études ont également fini par trouver un effet modeste des psychostimulants sur ordonnance sur les résultats principalement basés sur l’abstinence. Une méta-analyse de Sharafi et al. (5) a souligné l’utilité des psychostimulants sur ordonnance pour réduire l’utilisation et l’envie d’amphétamines. De plus, cette méta-analyse rapporte certaines données suggérant que l’augmentation du dosage des molécules de psychostimulant de prescription ou l’extension de la durée du traitement peuvent améliorer les résultats. Bien que cela semble prometteur, la fiabilité de cette conclusion est limitée par le nombre d’études incluses dans le regroupement des données. La mise en œuvre de psychostimulants sur ordonnance en tant que thérapie agoniste stimulante a été critiquée en raison de leur potentiel d’abus, de leur effet modeste sur les mesures de résultat cibles, de leur sécurité à long terme et de leur rentabilité (5, 6). Actuellement, deux groupes étudient l’efficacité et l’innocuité de la lisdexamphétamine à haute dose, une prodrogue de la dextroampétamine qui offre une durée d’action plus longue et un risque d’abus plus faible. Les études LiMA (7) et ASCME (8) peuvent contribuer à la proposition d’un cadre thérapeutique agoniste stimulant à haute dose. Les résultats de ces études sont très attendus par la communauté scientifique et médicale, étant donné leur potentiel à transformer les interventions dispensées à cette population.

Récemment, l’American Society of Addiction Medicine (ASAM) et l’American Academy of Addiction Psychiatry (AAAP) ont recommandé des interventions pharmacologiques pour la prise en charge des troubles liés à l’utilisation d’amphétamines dans leurs lignes directrices de pratique clinique fondées sur les preuves pour la prise en charge des troubles liés à l’utilisation de stimulants (9). Les recommandations pour la prescription de bupropion, bupropion/naltrexone, topiramate, mirtazapine et méthylphénidate sont assorties d’un degré de certitude moyen à faible et d’une force conditionnelle. Cela signifie que nous avons besoin de plus d’essais cliniques de haute qualité et de stratégies de synthèse des connaissances telles que les méta-analyses. À cet égard, une méta-analyse en réseau portant sur l’effet des interventions pharmacologiques, psychosociales et de réduction des méfaits pour le traitement des troubles liés à l’utilisation d’amphétamines vient d’être publiée (10). Les signaux d’efficacité ont été principalement observés en faveur des formulations avec une seule étude comme la quétiapine et le riluzole plutôt que pour les médicaments étudiés fréquemment comme la bupropion, le modafinil et la naltrexone. Ces résultats peuvent impliquer de nouveaux candidats pharmacologiques permettant de réaliser davantage d’essais cliniques afin de reproduire les résultats dans des populations d’étude importantes et diversifiées. D’autres méta-analyses en réseau similaires sont en cours, notamment une sur les interventions pharmacologiques (CRD42023473768) et une autre sur les interventions psychosociales (CRD42023450375). Les résultats de ces études secondaires peuvent contribuer à nos connaissances et à notre compréhension des modalités disponibles pour le traitement des troubles liés à l’utilisation d’amphétamines et mieux informer à la fois les équipes de recherches et les équipes médicales.

Certaines des stratégies qui peuvent être utilisées pour intervenir auprès des personnes vivant avec des troubles liés à l’utilisation d’amphétamines comprennent notamment la prise en charge des troubles concomitants tels que la psychose et la dépression. À cette fin, le Centre d’Expertise et de Collaboration en Troubles Concomitants (CECTC) a récemment publié un avis scientifique formulant des conseils sur les bonnes pratiques liées à l’évaluation et à la prise en charge des personnes vivant avec psychose et un trouble d’utilisation de stimulants en salle d’urgence (accessible ici). Cette initiative, ainsi que bien d’autres de la part du milieu universitaire et de la communauté médicale, montre comment le domaine évolue vers le développement d’options de traitement innovantes, contemporaines et efficaces aux personnes vivant avec un trouble lié à l’utilisation d’amphétamines. Avec un regain d’effort de recherche, des modalités de traitement robustes appuyées par des données probantes et adaptées à cette population spécifique devraient voir le jour sous peu !

Article par Heidar Sharafi

Références

  1. Global Burden of Disease (GBD) 2021 study [Internet]. 2021 [cited 2024-10-09]. Available from: https://vizhub.healthdata.org/gbd-results/.

  2. Trivedi MH, Walker R, Ling W, Cruz Ad, Sharma G, Carmody T, et al. Bupropion and Naltrexone in Methamphetamine Use Disorder. New England Journal of Medicine. 2021;384(2):140-53.

  3. Bakouni H, Sharafi H, Bahremand A, Drouin S, Ziegler D, Bach P, et al. Bupropion for treatment of amphetamine-type stimulant use disorder: A systematic review and meta-analysis of placebo-controlled randomized clinical trials. Drug Alcohol Depend. 2023;253:111018.

  4. Bastien G, McAnulty C, Sharafi H, Amani M, Elkrief L, Ziegler D, et al. Is naltrexone effective and safe for treating amphetamine-type stimulant use disorder? A systematic review and meta-analysis. Journal of Addiction Medicine. 2024; Accepted manuscript.

  5. Sharafi H, Jutras-Aswad D. Response to Hall et al.: Prescription psychostimulants for amphetamine-type stimulant use disorder – acknowledging challenges but not giving up on its potential cost-effectiveness. Addiction. 2024;119(4):788-9.

  6. Hall W, Darke S, Farrell M. Do we need clinical trials of high dose stimulant agonist treatment for stimulant use disorders? Addiction. 2024;119(4):786-7.

  7. Ezard N, Dunlop A, Hall M, Ali R, McKetin R, Bruno R, et al. LiMA: a study protocol for a randomised, double-blind, placebo controlled trial of lisdexamfetamine for the treatment of methamphetamine dependence. BMJ Open. 2018;8(7):e020723.

  8. Clinical Trial of High Dose Lisdexamfetamine and Contingency Management in MA Users [Internet]. National library of medicine. 2024 [cited 2024-10-09]. Available from: https://clinicaltrials.gov/study/NCT05854667.

  9. The ASAM/AAAP Clinical Practice Guideline on the Management of Stimulant Use Disorder. Journal of Addiction Medicine. 2024;18(1S):1-56.

  10. Khalili M, Sadeghirad B, Bach P, Crabtree A, Javadi S, Sadeghi E, et al. Management of Amphetamine and Methamphetamine Use Disorders: A Systematic Review and Network Meta-analysis of Randomized Trials. International Journal of Mental Health and Addiction. 2024.

 


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Août 2024


Bourse Horizon-Jeunesse : encourager la résilience chez les jeunes face aux troubles concomitants

Si toi ou quelqu’un que tu connais a surmonté des défis liés à la santé mentale et à la dépendance, la bourse Horizon-Jeunesse est là pour reconnaître ton courage et ta résilience, et te donner un petit coup de pouce supplémentaire 🌟.

 

Projet collaboratif du Centre d’expertise et de collaboration en troubles concomitants, cette bourse a été conçue par et pour les jeunes ayant vécu ou vivant avec des troubles concomitants.

 

Les participants éligibles pourraient recevoir 1 000 $ pour les aider à poursuivre ou reprendre leurs études cet automne. Que tu sois inscrit dans un programme d’éducation aux adultes, au cégep, ou à l’université dans un domaine lié aux services sociaux (soins infirmiers, travail social, pair-aidance, intervention, etc.), cette bourse est pour toi!

 

De plus, les candidats peuvent partager leurs expériences de manière unique, que ce soit par un essai traditionnel, un poème, une œuvre d’art, etc. Toute forme de communication est acceptée.

 

Tu peux trouver les critères d’éligibilité détaillés dans le formulaire de candidature

 

Pour toute question, envoie-nous un courriel à bourse.cectc.chum@ssss.gouv.qc.ca

 

La période de candidature se termine le 29 septembre 2024, alors n’attends pas!

 

Article par Christina McAnulty et Maribele Alayo Santa Cruz


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Juillet 2024


L’utilisation du cannabis non-thérapeutique dans le contexte de l’épilepsie et les répercussions sur la santé

 

L’utilisation de cannabis parmi les personnes épileptiques est un sujet de préoccupation croissante. Environ 50% des personnes atteintes d’épilepsie consomment du cannabis de manière non-thérapeutique et sans la supervision d’un professionnel de santé. La majorité des études scientifiques suggèrent que les effets anti-crises attribués au cannabis sont liés au CBD à des doses très élevées et les preuves solides disponibles à ce jour concernent principalement les populations pédiatriques atteintes de syndromes épileptiques très spécifiques. Bien que certaines données, encore incertaines, suggèrent que le THC pourrait influencer l’intensité et la fréquence des crises chez certaines populations, les données probantes à cet égard restent limitées, la plupart des études ayant été réalisées sur des produits contenant principalement du CBD et très peu de THC. Par ailleurs, certaines études mentionnent que les impacts neurocognitifs négatifs du cannabis sont principalement dus au THC.

Étant donné le nombre important de personnes épileptiques ayant des problèmes de santé cognitive et mentale, ou étant prédisposées à en développer, il s’avère nécessaire d’évaluer la prévalence et les profils d’utilisation de cannabis non-médical, ainsi que son association corrélationnelle sur la santé cognitive et mentale dans le contexte de l’épilepsie. Les résultats de cette recherche auront des retombées significatives pour la gestion clinique des patients et les politiques de santé publique.

En collaboration avec le laboratoire de recherche du Dr Dang Khoa Nguyen, neuro-épileptologue au CHUM, notre équipe de recherche mène une étude visant à fournir des données probantes sur les effets du cannabis consommé avec une visée non-thérapeutique sur la santé mentale et cognitive dans le contexte de l’épilepsie. Cette étude utilise des enquêtes par questionnaires et des évaluations neuropsychologiques. Nos résultats préliminaires montrent que, au cours des 12 derniers mois, 42% des hommes et 19% des femmes ont consommé du cannabis à des fins non-médicales. Parmi eux, 72% ont rapporté consommer du cannabis contenant exclusivement du THC, plus de THC que de CBD, ou autant de THC que de CBD. De plus, les répondants se sentaient peu ou pas informés des bénéfices (72%) et des risques (71%) pour leur santé, soulignant la nécessité de combler les lacunes actuelles entourant la consommation de cannabis non-médical chez les personnes épileptiques. 

Cette étude permettra aux personnes concernées de faire des choix éclairés, en tenant compte des risques et des bénéfices possibles liés à la consommation de cannabis non-médical.

Les avancées de notre recherche seront publiées sur notre site internet, dans la section « Actualité ».

 

Texte par Daphné Citherlet

 

 


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Juin 2024

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Étude de cohorte TRICCHOME chez les jeunes consommateurs de cannabis

La recherche sur l’utilisation de substances psychoactives, en particulier le cannabis, souligne la nécessité d’une investigation plus approfondie des patrons de consommation. Cette genre d’initiative en recherche permet notamment de stimuler le développement d’interventions de santé publique ciblées mieux informées, tenant compte à la fois des risques et bénéfices potentiels associés à son utilisation, notamment chez les jeunes adultes.

 

L’étude TRICCHOME (TRajectoires Individuelles de Consommation de Cannabis en situation Habituelle et Observations de leurs Modalités en contexte Écologique), qui débutera à l’automne 2024 au laboratoire DJA, vise à combler ce manque de connaissance en fournissant une analyse exhaustive des patrons de consommation de cannabis chez des jeunes adultes âgés de 18 à 24 ans qui en consomment au moins une fois par semaine. En utilisant une approche multifactorielle, comprenant des paramètres tels que la fréquence d’utilisation, les types de produits et les doses de cannabinoïdes, l’étude vise à comprendre plus largement la complexité des patrons d’utilisation non thérapeutique du cannabis. Grâce au suivi longitudinal de la consommation via une application mobile, l’équipe de recherche vise à caractériser la manière dont ces patrons de consommation évoluent dans le temps et leurs impacts potentiels sur les déterminants sociaux et de la santé. Cette recherche est cruciale pour développer des plans de santé publique ciblés adaptés aux besoins spécifiques des jeunes utilisateurs de cannabis, visant finalement à en atténuer les dommages potentiels et à développer un discours de santé publique nuancé qui s’appuie sur des données probantes.

 

Les personnes volontaires participant à l’étude utiliseront l’application mobile novatrice développée par notre équipe pour enregistrer des informations détaillées sur chaque session de consommation de cannabis, y compris la voie d’administration, le type de produit, la fréquence, la durée, la quantité utilisée, l’expérience subjective et le contexte environnemental de consommation. La saisie de données rétrospectives sera autorisée pendant 14 jours, et les résultats liés à la santé seront mesurés tous les quatre mois via l’application, avec des fonctionnalités supplémentaires se débloquant périodiquement pour faciliter la collecte de données.

 

Ce projet permettra, pour la première fois, de mieux comprendre comment les jeunes qui consomment fréquemment ou quotidiennement du cannabis choisissent de consommer différents types de produits et comment ces modes de consommation distincts influencent (positivement ou négativement) leur santé globale.

 

Article par Anita Abboud