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Août 2023

Ovidiu Tatar, candidat au doctorat en sciences psychiatriques, et une équipe de chercheurs canadiens et internationaux ont récemment publié dans une prestigieuse revue de psychiatrie les résultats d’une étude qui a évalué les préférences de jeunes adultes atteints de psychose pour des interventions psychologiques en ligne visant à réduire la consommation de cannabis. Lorsque la consommation de cannabis, qui est 15 fois plus élevée dans cette population que chez des gens qui n’ont pas de psychose, est réduite, les données démontrent une amélioration des résultats cliniques. L’évaluation des préférences pour les interventions en ligne facilite l’engagement dans le traitement et augmente l’efficacité de l’intervention.

Des personnes ayant vécu un premier épisode psychotique et démontrant les signes d’une dépendance au cannabis ont participé à une enquête électronique entre janvier 2020 et juillet 2022. Les auteurs ont utilisé des méthodes avancées pour recueillir et analyser les opinions des participants concernant les interventions psychologiques en ligne et ont constaté une préférence plus marquée pour les interventions d’intensité modérée, par exemple des séances d’une durée de quinze minutes réalisées une fois par semaine.  Les participants ont apprécié l’autonomie conférée par les interventions en ligne, car elles peuvent être effectuées à la fois à la clinique et en dehors de la clinique. Il est important de noter que les interventions basées sur des applications ont été perçues comme complémentaires des interventions en personne. Les participants ont exprimé une préférence marquée pour l’utilisation de téléphones intelligents et les interventions qui intègrent des éléments vidéo et permettent une communication par messagerie instantanée avec les cliniciens.

Dans un monde où notre relation avec la technologie est en constante évolution, cette étude a permis de développer une nouvelle application d’intervention mobile (iCanChange), qui fait actuellement l’objet d’un essai clinique et qui pourrait aider les personnes ayant vécu un premier épisode psychotique à réduire leur consommation de cannabis et ainsi faciliter leur rétablissement.

Texte par Christina McAnulty

Références

1. Tatar O, Abdel-Baki A, Dyachenko A, Bakouni H,
Bahremand A, Tibbo PG, et al.
Evaluating preferences for online psychological
interventions to decrease cannabis use in young adults withpsychosis: An
observational study
. Psychiatry Res. 2023 May 30;326:115276.

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Juin 2023

Le 19 avril 2023, plusieurs médias québécois véhiculent la nouvelle suivante : la vente de produits de vapotage comportant un arôme outre que le tabac sera interdite dans les 90 prochains jours (1). Mais quels sont les produits touchés par cette nouvelle réglementation ? Connus sous différents noms tels que cigarettes électroniques ou « vapes » ces dispositifs sont des appareils portatifs qui réchauffent une solution comportant de la nicotine, un agent humidifiant et des composés volatils de synthèse, afin d’en permettre l’inhalation (2). Quel est le raisonnement motivant la décision de réglementer l’utilisation de la vape ?

Au Québec, il est estimé que 20% des personnes qui utilisent la vape sont des jeunes âgés de moins de 18 (1). Des données récoltées aux États-Unis et au Canada suggèrent une augmentation significative de l’utilisation des produits de vapotage à la nicotine dans les dernières années, spécialement chez les jeunes (3). Sa popularité pourrait être attribuable aux couleurs attrayantes des appareils et la myriade de saveurs disponibles, incluant « daiquiri » et « pêche givrée » (2). Un autre élément contribuant à cette tendance correspond à la perception sociétale des risques de santé associés à la vape. C’est-à-dire que plus de la moitié des utilisateurs réguliers de vape considère qu’elle est inoffensive (4). Mais est-ce que ces dispositifs sont autant dénués de risque qu’on ne pourrait le soupçonner ?Bas du formulaire

Des données suggèrent que l’utilisation de la vape comporte des risques neurologiques, pulmonaires et pour la santé mentale, en plus de contenir des métabolites cancérigènes (2). En 2019, 39 décès potentiellement attribuables à l’usage de vape ont été rapportés aux États-Unis, un résultat pouvant possiblement être relié à leur contenu élevé en vitamine E (2). Aussi, la nicotine présente dans ce dispositif est susceptible d’avoir des impacts neurocognitifs importants chez les jeunes, puisque le cerveau de ces derniers est encore en développement. Ensuite, fumer la vapoteuse en jeune âge augmente le risque de développer du tabagisme ultérieurement (5). Finalement, l’utilisation de la vape est récente, ainsi, plusieurs de ses risques demeurent inconnus (6). En absence de données probantes sur l’innocuité du produit dans différents contextes chez différentes populations et pour tenter de réduire son utilisation chez les jeunes, des réglementations ont été émises (1).

Bien qu’utiliser la vape comporte des risques, pourrait-on la considérer comme une alternative sécuritaire à la prise de tabac et serait-ce un outil pouvant soutenir la cessation tabagique ?  Pour ce qui est de la population mineure, l’utilisation de la vape est associée à un risque significativement plus élevé de consommer davantage de produits de vapotage et de cigarette commerciale (5). Quant à la population adulte, les données sont moins concluantes (6). Il n’est donc pas impossible que le vapotage soit un outil qui soutienne la diminution ou la cessation de la prise de cigarettes dans certains contextes bien définis. Cependant, puisque les données sont insuffisantes pour émettre cette recommandation, les stratégies de cessation tabagique soutenues par des données probantes d’efficacité, telle que des produits de remplacement nicotinique, des molécules pharmaceutiques ou des interventions de la communauté professionnelle en santé, demeurent les alternatives généralement privilégiées (2, 7). Des études futures seront nécessaires pour déterminer si la vape pourrait se tisser une place dans l’arsenal de méthodes disponibles pour soutenir les personnes qui doivent composer avec le tabagisme.

Pour obtenir de l’aide sur les stratégies de sevrage tabagique, renseignez-vous ici.

Sabrina Bijou (she/her/elle)

Références

  1. QMI A. Vapotage: Québec interdit les saveurs tvanouvelles.ca: TVA Nouvelles; 2023 [Available from: https://www.tvanouvelles.ca/2023/04/19/vapotage-quebec-interdira-les-saveurs-et-les-aromes-autres-que-ceux-du-tabac.
  2. Dinardo P, Rome ES. Vaping: The new wave of nicotine addiction. Cleveland Clinic Journal of Medicine. 2019;86(12):789-98.
  3. Hammond D, Reid JL, Burkhalter R, O’Connor RJ, Goniewicz ML, Wackowski OA, Thrasher JF, Hitchman SC. Trends in e-cigarette brands, devices and the nicotine profile of products used by youth in England, Canada and the USA: 2017-2019. Tob Control. 2023 Jan;32(1):19-29. doi: 10.1136/tobaccocontrol-2020-056371.
  4. Bernat D, Gasquet N, Wilson KO, Porter L, Choi K. Electronic Cigarette Harm and Benefit Perceptions and Use Among Youth. American Journal of Preventive Medicine. 2018;55(3):361-7.
  5. Levy DT, Warner KE, Cummings KM, Hammond D, Kuo C, Fong GT, et al. Examining the relationship of vaping to smoking initiation among US youth and young adults: a reality check. Tobacco Control. 2019;28(6):629-35.
  6. Wang RJ, Bhadriraju S, Glantz SA. E-Cigarette Use and Adult Cigarette Smoking Cessation: A Meta-Analysis. American Journal of Public Health. 2021;111(2):230-46.
  7. Soule EK, Plunk AD, Harrell PT, Hayes RB, Edwards KC. Longitudinal Analysis of Associations Between Reasons for Electronic Cigarette Use and Change in Smoking Status Among Adults in the Population Assessment of Tobacco and Health Study. Nicotine and Tobacco Research. 2020;22(5):663-71.
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Réduction des méfaits du cannabis pour les jeunes ayant vécu une psychose

La consommation de cannabis peut être plus problématique pour les personnes ayant vécu un épisode de psychose. Stephanie Coronado-Montoya, doctorante dans le laboratoire de Didier Jutras-Aswad, plaide en faveur de la réduction des risques pour aider les personnes à gérer leur consommation problématique de cannabis.  

En examinant plus de 11 400 articles scientifiques, Stephanie a constaté qu’il existait peu d’interventions axées sur le cannabis pour les personnes atteintes de psychose qui souhaitaient réduire ou prévenir les dommages liés au cannabis. Son enquête nationale sur les préférences des patients a révélé deux demandes importantes de la part de la population : que les interventions soient courtes et basées sur la technologie.  

L’application CHAMPS répond à ces demandes (une application mobile contenant une brève intervention psychosociale visant à réduire les méfaits du cannabis chez les personnes atteintes de psychose). Pour en savoir plus sur cette initiative, veuillez écouter l’épisode complet et suivez Stephanie sur Instagram (@the.brain.diaries). 

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Mars 2023

Les bases génétiques de la consommation en cannabis

Le cannabis est l’une des substances psychoactives les plus utilisées dans le monde entier. Le risque accru de développer un trouble d’usage de cannabis a récemment été associé à certains variants génétiques. Ces découvertes ont conduit à de nombreuses études pour mieux comprendre la complexité de cette relation. Dans cette optique, l’article intitulé « Bases génétiques de l’utilisation du cannabis : une revue systématique » vise à résumer certaines des connaissances scientifiques publiées jusqu’à présent sur les déterminants génétiques qui sous-tendent des comportements reliés à l’usage du cannabis, à identifier des variants génétiques associés à un risque accru de mésusage du cannabis et aux méfaits qui peuvent en découler, et à mettre en lumière l’importance de poursuivre la recherche pour mieux comprendre les susceptibilités génétiques associées à la consommation de cette substance psychoactive.

L’un des gènes couramment identifiés parmi les résultats issus d’approches génomiques est le gène CNR1, qui code pour le récepteur à cannabinoïde 1 (CB1R). Le CB1R est fortement exprimé dans le cerveau et il est la cible principale du composé euphorique du cannabis, le delta-9-tétrahydrocannabinol (THC). Des études ont montré que certains variants du gène CNR1 sont associées à une plus grande inclinaison à consommer du cannabis, ainsi qu’à une sensibilité plus élevée aux effets du THC. Même scénario pour le gène AKT1, qui code pour une protéine impliquée dans la régulation de la croissance et de la survie des cellules. D’autres gènes ont également été associés à la consommation de cannabis, notamment le gène DRD2, qui code pour un récepteur de la dopamine impliqué dans la récompense et la motivation, et le gène FAAH, qui code pour une enzyme impliquée dans la dégradation des cannabinoïdes dans l’organisme.

Il est important de noter que la base génétique de la consommation de cannabis est complexe, multifactorielle et polygénique, et que les variants génétiques individuels n’ont probablement qu’un faible effet sur la propension d’un individu à consommer du cannabis. Les interactions entre certaines susceptibilités génétiques et les facteurs environnementaux, tels que la pression des pairs, la disponibilité et les normes sociales, jouent également un rôle important qui peuvent influencer la consommation de cannabis et ses conséquences. Cependant, l’étude des facteurs génétiques permet d’expliquer certains mécanismes en cause dans la réponse aux substances psychoactives, ce qui assure en retour la capacité d’identifier des facteurs de susceptibilités qui pourraient être utilisés pour prévenir d’éventuels méfaits ou optimiser certains bienfaits. Il est conséquemment important de considérer les facteurs génétiques dans la réponse aux différents produits issus du cannabis, un effort que nous mettons de l’avant au laboratoire en incluant des approches génomiques aux devis expérimentaux qui portent sur l’administration de cannabinoïdes chez l’humain. Cette démarche sera d’ailleurs mise en place dans les prochains projets qui démarreront au courant des mois à venir. Restez à l’affût de nos projets pour en savoir davantage.

Références

Hillmer A, Chawar C, Sanger S, D’Elia A, Butt M, Kapoor R, Kapczinski F, Thabane L, Samaan Z. Genetic basis of cannabis use: a systematic review. BMC Med Genomics. 2021 Aug 12;14(1):203. doi: 10.1186/s12920-021-01035-5. PMID: 34384432; PMCID: PMC8359088.