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Traitements innovants en toxicomanie

Octobre 2022

La pandémie, l’usage problématique de l’internet et les troubles alimentaires

Récemment, plusieurs études ont démontré que le contexte de la crise sanitaire a provoqué une hausse considérable des personnes vivant simultanément des problèmes de santé mentale et troubles d’usage de substances psychoactives. Le confinement, de pair avec plusieurs changements dans les interactions sociales, ont affecté directement la vie des gens vivant avec de tels troubles concomitants. Cette situation est notamment associée à une augmentation du nombre de cas de personnes présentant un double diagnostic de dépendance et de troubles des conduites alimentaires (TCA)[1].

L’impact de la pandémie sur les troubles alimentaires

Les troubles alimentaires constituent en soi un problème de grande envergure dû à leur association à un taux de morbidité et de mortalité très élevé[2]. La pandémie a aggravé la présence des troubles d’usage de substances, comme l’alcool par exemple, chez les personnes atteintes d’un trouble alimentaire. Parmi divers facteurs, une cause possible est l’intensification synchrone de l’usage problématique des réseaux sociaux.

Les réseaux sociaux : passe-temps ou dépendance ?

Un autre effet néfaste de la pandémie a été l’augmentation de l’usage d’internet1. La distanciation et le confinement ont contribué à l’utilisation des réseaux sociaux comme moyen principal de communication. Dans certains cas, un usage excessif de l’internet peut aussi s’exprimer comme une dépendance : il s’agit de la cyberdépendance[3].

À l’instar d’autres troubles liés à l’usage de substances psychoactives, les personnes atteintes de TCA sont plus susceptibles d’être touchées par la cyberdépendance[4]. L’utilisation des réseaux sociaux peut être plus courante chez ce groupe de personnes, se présentant alors comme une stratégie d’évitement des émotions négatives et une manière d’accroître leur sentiment d’appartenance à un groupe[5]. Un usage exacerbé, combiné à plusieurs autres sources de stress issues du contexte pandémique, pourrait contribuer au développement d’une dépendance.

Un cercle vicieux

De la même manière que les personnes vivant avec un TCA possèdent une plus forte tendance à démontrer des signes de cyberdépendance, l’usage problématique de réseaux sociaux se présente également comme un facteur qui contribuerait à l’apparition de troubles alimentaires[5]. Des études démontrent que l’exposition aux publications en ligne augmente l’insatisfaction corporelle et la croyance d’une morphologie physique idéale. De plus, les réseaux sociaux contribuent aussi à l’intériorisation de certaines habitudes alimentaires, pas nécessairement saines ou applicables à tous.

Toutefois, il est important de considérer que plusieurs facteurs peuvent contribuer à l’apparition d’un trouble alimentaire ou à un usage problématique de l’internet. Comme pour d’autres types de troubles concomitants, de l’aide spécialisée est nécessaire afin d’assister les personnes touchées par de telles situations. Les différents projets du laboratoire de recherche dirigé par le Dr. Didier Jutras-Aswad s’inscrivent dans cette perspective et contribuent à améliorer la compréhension des troubles concomitants et de leurs mécanismes sous-jacents, ce qui permet en revanche d’identifier les meilleures stratégies d’intervention clinique à adopter pour améliorer et étendre les options de traitement des individus vivant avec une problématique de troubles concomitants.


[1] Rodgers, R. F., Lombardo, C., Cerolini, S., Franko, D. L., Omori, M., Fuller‐Tyszkiewicz, M., Linardon, J., Courtet, P., & Guillaume, S. (2020). The impact of the COVID‐19 pandemic on eating disorder risk and symptoms. International Journal of Eating Disorders, 53(7), 1166–1170. https://doi.org/10.1002/eat.23318

[2] Ioannidis, K., Hook, R. W., Wiedemann, A., Bhatti, J., Czabanowska, K., Roman-Urrestarazu, A., Grant, J. E., Goodyer, I. M., Fonagy, P., Bullmore, E. T., Jones, P. B., & Chamberlain, S. R. (2022). Associations between COVID-19 pandemic impact, dimensions of behavior and eating disorders: A longitudinal UK-based study. Comprehensive Psychiatry, 115, 152304. https://doi.org/10.1016/j.comppsych.2022.152304 

[3] Achab S. Zullino DF, Thorens G. Usage problématique d’Internet, la “Cyberaddiction” nous entoure. Neurologie & Psychiatrie 2013 ; 11(5) : 23-27

[4] Ali, A. M., Hendawy, A. O., Abd Elhay, E. S., Ali, E. M., Alkhamees, A. A., Kunugi, H., & Hassan, N. I. (2022). The Bergen Facebook Addiction Scale: its psychometric properties and invariance among women with eating disorders. BMC Women’s Health, 22(1). 

[5] Jahan, I., Hosen, I., al Mamun, F., Kaggwa, M. M., Griffiths, M. D., & Mamun, M. A. (2021). How Has the COVID-19 Pandemic Impacted Internet Use Behaviors and Facilitated Problematic Internet Use? A Bangladeshi Study. Psychology Research and Behavior Management, Volume 14, 1127–1138. https://doi.org/10.2147/prbm.s323570

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Septembre 2022

La période estivale a été synonyme de renouveau au laboratoire du Dr Didier Jutras-Aswad, alors que nous avons eu la chance d’accueillir plusieurs étudiantes en formation pour la durée de cette période riche en capital expérientiel. Nous tenons à souligner le travail exemplaire de ces stagiaires qui ont démontré une intégration impeccable :

Anita Abboud est étudiante au baccalauréat en bio-informatique de l’Université de Montréal (UdM). Anita occupe également le poste de représentante au sein de l’Association Étudiante de Biochimie et Bio-Informatique de l’UdM (AEBBIUM). Elle a accompli un stage de gestion des données et occupe maintenant un poste d’assistante de recherche dans lequel elle coordonne l’utilisation et le développement des bases de données. Anita se passionne pour les biotechnologies émergentes et elle s’intéresse particulièrement à la programmation appliquée aux données génomiques. Merci pour ton dynamisme et ta persévérance, toute l’équipe apprécie chaudement ton professionnalisme.

Rafaëlle Valiquette entame sa troisième année de formation au baccalauréat en sciences biomédicales à l’UdM.  Elle s’est jointe à l’équipe dans le cadre d’un stage d’initiation à la recherche et elle occupe maintenant un poste d’assistante de recherche dans lequel ses tâches principales consistent au recrutement et à l’accueil des personnes volontaires qui participeront aux études cliniques à devis croisé sur la consommation de CBD. Inspirée par son passage parmi nous, Rafaëlle aspire à obtenir sa formation en médecine pour poursuivre son implication en recherche. Merci Rafaëlle pour ton implication qui s’est avérée indispensable à la réussite des projets menés cet été !

Raphaëlle Fortin termine elle aussi sa troisième année au baccalauréat en sciences biomédicales à l’UdM. Elle s’est également jointe à l’équipe dans le cadre d’un stage d’initiation à la recherche et elle poursuit son travail au sein de notre équipe en tant qu’assistante de recherche sur les projets d’administration de CBD. Sans cesse motivée par la quête de connaissances en neurosciences et leurs nombreuses applications, Raphaëlle occupe en parallèle un poste en neurofeedback pour une clinique privée. En se projetant dans l’avenir, elle entrevoit déjà de détenir le titre de neuropsychologue. Merci beaucoup de ta précieuse aide cet été, sans quoi les projets n’avanceraient pas aussi vite !

L’équipe DJA tiens également à souligner le travail inspirant de Ana Helena Campos qui a complété un court et intense stage en communication scientifique et transfert de connaissances au sein du laboratoire. Merci pour ton implication efficace dans la gestion des réseaux sociaux et ta contribution à l’équipe du Centre d’Expertise et de Collaboration en Troubles Concomitants (CECTC).

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Août 2022

Un professeur du département de chimie de l’Université de Montréal, Alexis Vallée-Bélisle, développe un détecteur rapide de présence de drogue dans le sang.

Un détecteur plus rapide et efficace

L’appareil est numérique et les résultats peuvent être affichés rapidement sur un appareil mobile. Comparativement à d’autres modèles déjà présents sur le marché, cet appareil fournit les résultats en approximativement 2 minutes. L’aspect mobile et rapide de l’appareil le rend beaucoup plus efficace et facile d’utilisation.

Le détecteur sera utilisé pour mesurer et contrôler la concentration de différentes drogues dans le sang. Il sera d’abord offert au personnel de la sécurité publique et de la santé, mais les concepteurs ont l’intention de le rendre disponible au public éventuellement. Le détecteur pourra aider, par exemple, dans le traitement de patients à l’urgence dans les hôpitaux, ou même lorsque quelqu’un veut contrôler sa propre consommation à domicile.

Un appareil issu de la bionanotechnologie

Le professeur Alexis Vallée-Bélisle, spécialisé dans la création de technologies médicales à base d’ADN, est également cofondateur de la compagnie Anasens, collaboratrice dans le développement de l’appareil. Cette compagnie travaille dans le domaine de l’innovation de la technologie d’analyse de sang à domicile pour le suivi des maladies chroniques. Le détecteur de drogues a été inspiré du glucomètre, utilisé pour connaître le taux de sucre dans le sang. Il utilise un procédé novateur mettant à contribution la formation de doubles brins d’ADN synthétiques et d’anticorps spécifiques aux drogues ciblées pour les détecter et les quantifier avec précision.

La technologie a déjà été démontrée efficace en laboratoire, et le programme a reçu une subvention pour développer un prototype qui sera testé sur le terrain. La subvention reçue provient du ministère de l’Économie et de l’Innovation et d’Axelys, un organisme à but non lucratif qui travaille pour accélérer le développement des innovations à haut potentiel issues de la recherche publique.

Pour plus d’information, vous pouvez consulter l’entretien que le professeur Vallée-Bélisle a eu avec le site de l’UdeM et le rattrapage du 7 août dernier à l’émission de radio Les Années Lumière à Radio-Canada.

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Juillet 2022

Un article issu des travaux de notre laboratoire, dirigés par le Dr. Didier Jutras-Aswad, vient tout juste de paraître dans la prestigieuse revue American Journal of Psychiatry ce mois-ci.

Cette publication présente et discute des plus récentes données générées à travers l’étude Optima, qui porte sur la comparaison de modèles de soin pour la prise en charge de la consommation d’opioïdes.

Le texte traite plus spécifiquement de l’utilisation d’un modèle de soins flexible qui se base sur l’utilisation de buprénorphine/naloxone dans le contexte d’un traitement ciblant la réduction de la consommation d’opioïdes chez les personnes souffrant d’un trouble de l’usage des opioïdes sur ordonnance (TUO).

L’étude démontre que ce modèle de soin permettant à la clientèle visée d’emporter à domicile des doses de buprénorphine/naloxone est non inférieur à l’utilisation de la méthadone supervisée pour réduire la consommation d’opioïdes chez les personnes aux prises avec un TUO. L’étude s’est déroulée pendant 24 semaines et a inclus 272 participants de 18 à 64 ans.

Un traitement surveillé avec la méthadone

L’exposition intensive aux opioïdes d’ordonnance, combinés à plusieurs facteurs, dont le contexte pandémique de COVID-19, a contribué à une augmentation de la mortalité estimée aux opioïdes, maintenant à 89%.

Afin de contrer cette importante augmentation et de réduire la consommation de ces substances, les auteurs ont déterminé qu’il est important d’étudier et de prévoir la mise en place dans le traitement par agonistes opioïdes.

Le traitement typique largement utilisé actuellement utilise la méthadone, qui possède un indice thérapeutique faible, c’est-à-dire que la différence entre les doses thérapeutiques et les doses toxiques est mince. Dans ce contexte, surtout pendant l’initiation du traitement, la consommation de la méthadone doit être strictement surveillée. L’obligation d’un traitement en présentiel dans les cliniques spécialisées, surtout dans un contexte pandémique, peut démotiver les participants à procéder avec le traitement.

Le modèle flexible buprénorphine/naloxone : aussi efficace?

L’article de l’équipe du Dr. Jutras-Aswad indique que le traitement avec buprénorphine/naloxone pose moins de danger au début du traitement, ce qui permettrait la mise en place plus tôt pendant le traitement d’un dosage à domicile.

Selon l’étude, les participants du groupe qui suivaient le traitement buprénorphine/naloxone avaient 0,47 fois plus de chances d’être maintenus dans le traitement assigné que ceux du groupe méthadone.

Ce modèle de soin à la maison est plus flexible, et alors possiblement plus acceptable, moins coûteux et mieux adapté au contexte actuel.

En réalité, encore des améliorations sont nécessaires

Les résultats démontrent également que l’efficacité globale du traitement dans un contexte réel est plus faible que prévu. Le taux de réussite est particulièrement faible dans le contexte de la consommation d’opioïdes très puissants (le fentanyl par exemple) et fréquemment utilisés par les personnes vivant avec un TUO.

Le texte souligne alors l’importance de développer et tester des nouvelles stratégies innovantes afin d’améliorer les résultats du traitement. De possibles solutions sont proposées, comme l’amélioration des interventions psychosociales intégrées, des traitements pharmacologiques et le développement de nouveaux modèles de soins.

Pour consulter l’article, cliquez ici.

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Juin 2022

Il existe un lien étroit et complexe qui s’exerce entre dépendance aux opioïdes et la santé mentale : plus de 74% des personnes vivant avec un trouble lié à l’usage d’opioïdes (TUO) développent une dépression au long de leur vie. Il est important de se pencher sur l’impact de l’état de la santé mentale dans le traitement des TUO afin d’augmenter la réussite des traitements et assurer une meilleure prise en charge de cette population. Gabriel Bastien, étudiant au doctorat en sciences biomédicales, s’intéresse à cette question depuis les deux dernières années.

Son projet porte sur l’interrelation entre la dépression et de la dépendance aux opioïdes. Grâce à cette étude, Gabriel a récemment obtenu la Bourse de l’axe aspects neurobiologiques des troubles de l’humeur du Réseau québécois sur le suicide, les troubles de l’humeur et les troubles associés (RQSHA) Cette bourse de 5000$ sert de complément de financement pour un membre de la communauté étudiante des cycles supérieurs et rattaché au RQSHA, permettant ainsi de soutenir et poursuivre le développement de sa carrière en recherche.

Son étude, financée par le RQSHA, utilise des données tirées du projet de recherche OPTIMA afin d’évaluer l’impact de la dépression sur l’efficacité des traitements agonistes opioïdes, soit la méthadone et une formulation de buprénorphine et naloxone.

Grâce aux résultats de ce projet de recherche, les cliniciens seront mieux outillés pour faire face à la complexité du traitement de la dépendance aux opioïdes dans un contexte de dépression comorbide. Dans l’ensemble, les personnes aux prises avec de telles problématiques auront accès à une meilleure prise en charge de leurs troubles psychiatriques et ainsi, une plus grande chance de rétablissement.

Le RQSHA offre quatre concours de compléments de bourse par année.

  • Axe recherche clinique et traitements novateurs (15 janvier)
  • Axe aspects neurobiologiques des troubles de l’humeur (15 avril)
  • Axe dimension psychosociale, éthique et santé autochtone (15 juillet)
  • Axe troubles des dépendances (15 octobre)

Pour plus d’informations, visitez le site du RQSHA.

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Mai 2022

Toute l’équipe tient à féliciter chaleureusement l’une de ses membres dynamiques, Stephanie Coronado-Montoya, qui a reçu une subvention DIALOGUE du Fonds de recherche du Québec (FRQ) pour sa récente initiative de transfert de connaissances intitulée « The Brain Diaries : Un projet de médias sociaux pour combattre la désinformation sur la santé mentale et la toxicomanie ». Stéphanie, une étudiante en troisième année au doctorat en sciences biomédicales, option sciences psychiatriques, est l’une des quatre étudiantes de l’Université de Montréal à avoir obtenu cette bourse cette année. La bourse de 5000 $ l’aidera à soutenir son projet de médias sociaux, qu’elle gère entièrement seule et bénévolement. Stéphanie a créé le compte Instagram avec la ferme intention d’intégrer et d’influencer un environnement social virtuel à travers lequel peu de scientifiques partagent généralement leur vision sur des questions publiques et où la désinformation est répandue. L’objectif est de fournir des informations fondées sur la recherche probante à un public cible qui n’est généralement pas atteint par les publications scientifiques conventionnelles. Les projets tels que The Brain Diaries qui visent à restituer au public des informations précieuses générées par la communauté scientifique jouent un rôle crucial permettant de renforcer la place de la science dans la société, tout en incitant le développement d’une pensée critique et rationnelle dans l’espace public. Félicitations encore à Stephanie pour tes efforts et ton dévouement à rendre la science plus accessible et utile !

Pour suivre Stephanie sur Instagram : @the.brain.diaries

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Mars 2022

HiTOP, un modèle alternatif efficace de psychopathologie ?

Compte tenu de l’ubiquité et de l’omniprésence du Manuel Diagnostique et Statistique des troubles Mentaux (DSM) (1) dans la pratique et la recherche psychiatriques nord-américaines, il peut être surprenant de constater que la validité d’un grand nombre, voire la plupart, des diagnostics décrits soit constamment remise en question. En fait, jusqu’à 40 % des diagnostics n’atteignent pas une fiabilité justifiable lors des essais sur le terrain du DSM-5(2)(3). Sans compter que de nombreux cliniciens ne s’y réfèrent pas dans la pratique (4). En outre, la nature catégorique du DSM (en l’occurrence, présence ou absence de diagnostic) s’avère problématique.

Bien qu’il soit important d’un point de vue clinique que de nombreux patients sachent s’ils souffrent ou non d’un trouble psychiatrique, il n’existe aucune preuve de l’existence de troubles mentaux en tant qu’entités catégoriques discrètes ; en fait, la plupart des données scientifiques indiquent une nature dimensionnelle ou continue de la psychopathologie (5).

En réponse, Roman Kotov et ses collègues ont proposé la Taxonomie Hiérarchique de la Psychopathologie (« Hierarchical Taxonomy of Psychopathology », ou HiTOP)(5). Ce modèle alternatif de psychopathologie conceptualise les troubles mentaux comme étant dimensionnels et organisés de manière hiérarchique. La nouvelle approche proposée repose sur des bases empiriques et elle est guidée par la modélisation statistique plutôt que par l’impression clinique. Elle suggère ainsi que les troubles mentaux puissent être décrits à différents niveaux, en commençant par un facteur transdiagnostique de psychopathologie (facteur « p » (6)), jusqu’aux signes, symptômes et traits de personnalité individuels. HiTOP est de surcroît considéré comme un modèle vivant, qui est continuellement mis à jour avec les preuves scientifiques les plus récentes(5)(7). Grâce à l’utilisation de diverses méthodes d’analyse factorielle, le modèle HiTOP regroupe les unités individuelles de signes et de symptômes en composantes ou traits homogènes, qui sont ensuite regroupés en syndromes « empiriquement dérivés »(6)(8).

Bien qu’il soit encore tout à fait nouveau et changeant, le modèle HiTOP peut constituer une alternative révolutionnaire pour les cliniciens et les chercheurs, avec la possibilité d’être un facteur complémentaire aux manuels cliniques tels que le DSM-5 et la CIM. Le concept ouvre ainsi la porte à des moyens innovants de conceptualiser et de tester des hypothèses sur la maladie mentale.

Références :

1.         American Psychiatric Association. Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM-5®). American Psychiatric Pub; 2013. 1520 p.

2.         Chmielewski M, Clark LA, Bagby RM, Watson D. Method Matters: Understanding Diagnostic Reliability in DSM-IV and DSM-5. J Abnorm Psychol. 2015 Aug;124(3):764–9.

3.         Regier DA, Narrow WE, Clarke DE, Kraemer HC, Kuramoto SJ, Kuhl EA, et al. DSM-5 Field Trials in the United States and Canada, Part II: Test-Retest Reliability of Selected Categorical Diagnoses. AJP. 2013 Jan 1;170(1):59–70.

4.         Ruggero CJ, Kotov R, Hopwood CJ, First M, Clark LA, Skodol AE, et al. Integrating the Hierarchical Taxonomy of Psychopathology (HiTOP) into Clinical Practice. J Consult Clin Psychol. 2019 Dec;87(12):1069–84.

5.         Kotov R, Krueger RF, Watson D, Achenbach TM, Althoff RR, Bagby RM, et al. The Hierarchical Taxonomy of Psychopathology (HiTOP): A dimensional alternative to traditional nosologies. J Abnorm Psychol. 2017 May;126(4):454–77.

6.         Caspi A, Houts RM, Belsky DW, Goldman-Mellor SJ, Harrington H, Israel S, et al. The p Factor: One General Psychopathology Factor in the Structure of Psychiatric Disorders? Clin Psychol Sci. 2014 Mar;2(2):119–37. 7.         Kotov R, Krueger RF, Watson D, Cicero DC, Conway CC, DeYoung CG, et al. The Hierarchical Taxonomy of Psychopathology (HiTOP): A Quantitative Nosology Based on Consensus of Evidence. Annual Review of Clinical Psychology. 2021;17(1):null.

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Février 2022

Le domaine des applications mobiles en santé est en croissance rapide, car un nombre grandissant d’utilisateurs recherchent des interventions facilement accessibles et efficaces pour leurs problèmes de santé. La consommation de cannabis est plus élevée chez les jeunes adultes qui peuvent développer un trouble d’usage du cannabis (TUC), une condition qui a une incidence négative sur leur bien-être mental et leur fonctionnement social.

Dr Jutras-Aswad et son équipe au CRCHUM dirigent un projet de recherche novateur visant à utiliser des interventions psychologiques fondées sur la technologie mobile pour lutter contre les problèmes associés au cannabis chez les jeunes adultes atteints de psychose. En utilisant une approche collaborative incluant des chercheurs nationaux et internationaux, des cliniciens et des patients partenaires, notre équipe a identifié une suite d’interventions psychologiques optimales pouvant être incluses dans une application mobile.

En partenariat avec Akufen, une entreprise montréalaise de conception de médias, la première version de l’application « iCanChange » (iCC) a été élaborée en français et en anglais. Sur la base des commentaires reçus de jeunes adultes traités pour psychose et TUC, nous avons adapté le langage, la conception et la fonctionnalité de l’application. Après un processus de développement de deux ans qui comprenait la résolution de défis imprévus causés par la pandémie de COVID-19, nous sommes heureux d’annoncer que l’application est prête à être utilisée dans le cadre d’un essai clinique. Le recrutement des participants commencera au cours des prochaines semaines à la clinique des jeunes adultes souffrant de psychose (JAP) du CHUM et au sein d’autres cliniques du Québec et des autres provinces. Sur une période de 24 semaines, nous évaluerons l’acceptabilité et la satisfaction des participants à l’égard de l’utilisation de iCC et de ses effets sur la consommation de cannabis en lien avec les psychoses. Nous nous réjouissons à l’idée de pouvoir s’appuyer sur les résultats qui seront générés pour peaufiner davantage iCC afin d’en accroître l’utilité et de nous préparer aux prochaines étapes visant à rendre l’application accessible à un plus grand nombre de jeunes adultes atteints de psychose et TUC.

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Janvier 2022

Ce mois-ci, Violaine Mongeau-Pérusse, candidate au doctorat en sciences biomédicales a soutenu sa thèse de doctorat intitulée « Le cannabidiol comme traitement pour les troubles liés à l’utilisation de cocaïne : un essai randomisé contrôlé avec placebo ». On célébre maintenant la complétion du doctorat de Violaine Mongeau-Perusse, qui a brillamment soutenu sa thèse le 27 janvier 2022.

Avant son passage au laboratoire, Violaine a complété un baccalauréat en sciences infirmières à l’Université de Montréal, puis a travaillé comme infirmière clinicienne en psychiatrie. Elle a ensuite entrepris une maîtrise en sciences appliquées à l’École Polytechnique de Montréal pendant laquelle elle a développé un projet innovant combinant les soins infirmiers et l’ingénierie.

Toujours en quête de nouveaux défis, Violaine s’est jointe au laboratoire Didier Jutras-Aswad en 2017 afin de compléter un doctorat en sciences biomédicales. Son projet de doctorat évaluait les effets du cannabidiol sur les individus atteints de troubles d’usage à la cocaïne. Son implication soutenue ainsi que son sens de l’initiative lui ont notamment permis d’élaborer de nouveaux protocoles de recherche, de rédiger des documents règlementaires destinés à Santé Canada, et de publier plus de huit manuscrits scientifiques dans la dernière année!

Violaine Mongeau-Perusse peut maintenant ajouter les lettres Ph.D. à son nom avec tout le mérite qu’il se doit! Il s’agit de la première doctorante du labo DJA!

Félicitations Violaine!

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Décembre 2021

Ce mois-ci, Violaine et l’équipe nous dévoilent les résultats d’une étude exploratoire qui s’est intéressée aux effets du cannabidiol (CBD) sur le cortisol (un biomarqueur du stress) et les symptômes d’anxiété chez des personnes utilisatrices de cocaïne. 78 participants avec trouble d’usage de la cocaïne modéré à sévère, ont participé à l’étude. Ils étaient séparés aléatoirement en deux groupes, recevant quotidiennement une large dose (800 mg) de CBD ou un placebo pendant 92 jours. Les résultats ont démontré que comparativement au placebo, le CBD n’était malheureusement pas efficace pour réduire l’anxiété et les taux de cortisol chez les personnes utilisatrices de cocaïne. Vous pouvez lire l’article scientifique qui sera publié sous peu dans la revue Journal of Addiction Medicine.

Il ne reste que quelques jours avant le temps des Fêtes !! Au nom de toute l’équipe de recherche du laboratoire, nous tenons à vous souhaiter à vous et à vos proches, nos meilleurs vœux de bonheur, de santé et de prospérité pour la nouvelle année!